Tout le monde attend les signes de reprise avec impatience. Les analystes interprètent les différents indicateurs économiques à l'échelle nationale et internationale pour essayer de trouver le « début du bout du tunnel ». Rien ne semble indiquer un retour à la normale. Le directeur général du FMI vient de l'affirmer récemment que la reprise n'est que molle et les signes ne sont pas significatifs pour affirmer une réelle reprise. Le commerce mondial a lourdement souffert de la crise économique actuelle avec une baisse qui dépasse les 15%. Dans ce contexte, le commerce extérieur de la Tunisie, n'arrive pas à retrouver les performances de 2008, qui restent exceptionnels. Les exportations tunisiennes qui contribuent à plus de 60% du PIB national (bien et services), semblent plus que jamais touchées par la conjoncture internationale et de la baisse de la demande chez nos principaux clients. Les derniers chiffres publiés par l'Institut National des Statistiques confirment une baisse de 21.4% des exportations. Après une baisse de 22.2% en Juin et de 21.3% au mois de Juillet. Les importations ont quant à elles ont baissé de 18.7%.
La baisse choisit son palier : Les exportations et les importations tunisiennes se stabilisent à la baisse, souffrant d'une conjoncture internationale difficile. Les chiffres publiés par l'INS font état d'une baisse des exportations de 21.4% au cours des 8 derniers mois, totalisant 12794,1 MD. Les importations ont quant à elles baissé de 18.7% totalisant 16185,4 MD. Après une légère reprise au mois de Juillet dernier, les exportations tunisiennes n'amorcent pas un réel retour à la normale. En effet, les exportations ont chuté de -22.2% au mois de Juin, -21.3% au mois de Juillet et -21.4% au mois d'Août, ce qui représente le palier au niveau duquel la baisse s'est stabilisée. L'économie tunisienne n'a pas connu une telle situation, ce qui confirme le caractère exceptionnel de la conjoncture actuelle manifestée par la crise économique la plus importante depuis la deuxième guerre mondiale. L'évolution de nos exportations était toujours positive depuis des années :
Les exportations des mines et phosphates sont le plus touché par la baisse avec -53.1%. Cette baisse est surtout imputée à une baisse importante au niveau des cours internationaux de cette matière première. La deuxième plus grande baisse se situe au niveau de la rubrique énergie et lubrifiants avec -37.4%. Encore une fois la stabilisation des cours dans la fourchette 60-70 dollars depuis des mois a considérablement réduit la valeur de nos exportations énergétiques, après des pics à 147 dollars un an auparavant. Il faut rappeler à ce niveau que le Mines et Phosphates et dérivés représentent 13.3% de nos exportations, et l'énergie 17.3%. L'agriculture et l'industrie agroalimentaire chute de 14%. Ces exportations représentent 9.1% de la totalité de nos exportations. Cette baisse est surtout due à la baisse enregistrée au niveau des prix de l'huile d'olive et à la baisse des quantités exportées vue une saison exceptionnelle dans des pays concurrent tel que l'Espagne et l'Italie. Exportations 8 mois 2009. Secteur 8 mois 2008 (MD) 8 mois 2009 (MD) Variation (%) Agriculture et industrie agroalimentaire 1558,1 1340,1 -14,0% Energie et lubrifiants 2708,5 1695,3 -37,4% Mines, phosphates et dérivés 2376,2 1114,5 -53,1% Textiles habillement et cuir 4274,6 3766,4 -11,9% Industrie Mécanique et électrique 4191,1 3731,9 -11,0% Autres industries manufacturières 1175,2 1145,9 -2,5% Ensemble 16283,7 12794,1 -21.4 Source : INS La seule satisfaction à entrevoir à travers les chiffres du commerce extérieur du mois d'Août dernier est la nette amélioration des exportations du textile et habillement, et les Industries électriques et mécaniques.
En effet, ces deux secteurs qui représentent à eux seul plus de 50% de nos exportations, rattrapent le retard et limitent la baisse. Exportations
Juin 09 Juillet 09 Août 09 Textile et habillement -15.3% -12.7% -11.9% IME -15.4% -12.7% -11%
Au niveau de la répartition par régime, la situation n'a pas trop changé, avec un régime général qui s'enfonce et un régime offshore qui reprend son souffle. En effet, la baisse des exportations au régime général se situe au niveau de 33.8% (32.7% au mois de Juillet), et celle du régime offshore au niveau de 10.4% (11.7% au mois de Juillet et 13.6% au mois de Juin). Le régime offshore semble profiter de situation plus clémente, manifestée par : - La reprise des ventes automobiles en Europe, Les mesures présidentielles en faveur des entreprises en difficultés prise depuis le mois de Décembre 2008, Les difficultés du régime général sont imputées à l'importante baisse au niveau des Mines, phosphates et hydrocarbures, dont les exportations s'effectuent en totalité au régime général. Le solde commercial reste encore une fois négatif avec -3391.3MD. C'est structurel. Mais il accuse une certaine contraction par rapport à l'année précédente. Le taux de couverture des importations par les exportations est de 79%. Ce même taux était de 80.4% au mois de Juillet et de 79.1% au mois de Juin. Du côté des importations la plus grande baisse est enregistrée au niveau des mines et phosphates avec -66% suivie de l'énergie et les lubrifiants (-53%) à cause de la baisse de cours mondiaux de brut. La balance commerciale de la Tunisie est excédentaire dans plusieurs secteurs d'activité. En effet, le solde est positif au niveau de la balance énergétique (+105MD et un taux de couverture de 105.6%), la balance des biens de consommation (+393MD et un taux de couverture de 109%), la balance alimentaire (+144.5MD et un taux de couverture de 113.9%).
Une crise et des enseignements : Les résultats enregistrés au niveau du commerce extérieur durant les 8 derniers mois indiquent une stabilisation de la baisse de nos exportations, ce qui laisse présager de continuer l'année sur cette tendance, ce qui constituerait une exception dans l'évolution de nos échanges. La conjoncture économique internationale y est pour beaucoup dans ces résultats, ce qui envoie plus d'un signe sur notre dépendance à la demande extérieure. Les exportations étaient depuis l'ouverture de l'économie tunisienne un vecteur de croissance, d'investissement et d'emploi. Une attentionsupplémentaire doit être aussi donnée à la consommation interne et à l'investissement. Les quelques signes de reprise de la consommation et de la production industrielle dans quelques pays de la zone euro, laissent espérer une possible amélioration du rendement de nos exportations pour le reste de l'année en cours. Il faut signaler aussi que nos exportations sont de plus en plus conditionnées par les cours des matières premières (mines et phosphates ; énergie) et quelques produits de l'industrie agroalimentaire (huile d'olive).