L'information est passée presque inaperçue dans les médias. Un simple entrefilet dans certains, aucune allusion dans les autres. Et pourtant elle revêt une grande signification. «Le Hezbollah a signé un accord avec certaines factions sunnites dans l'objectif d'apaiser les tensions intercommunautaires au Liban» est-il écrit dans le texte de cette information. Faut-il rappeler que des affrontements sanglants ont eu lieu ces derniers temps entre sunnites et chiites dans la région de Tripoli, la grande ville du nord du Liban. Situation que d'aucuns avaient jugée gravissime. En effet, quand une étincelle jaillit entre des confessions, dans cette région du monde, cela se termine souvent par un désastre. Nous en avons un exemple terrifiant en Irak où chiites et sunnites n'arrêtent pas d'en découdre. Et même pas plus tard qu'avant-hier où les pèlerins chiites en route pour Karbala ont été la cible d'attaques de la part de miliciens sunnites. On recense plus d'une centaine de morts dans les affrontements dans le pays du Cèdre depuis le début de l'année, chiffre inquiétant au regard du calme relatif enregistré depuis l'accession de Michel Sleimane, à la présidence de la république. Que dit l'accord? Il interdit toute attaque d'un groupe musulman contre d'autres musulmans. C'est une première dans ce chaudron de violences intercommunautaires qu'est le Moyen-Orient. Et il est utile de rappeler, à ce propos, que les guerres de religion qui avaient ensanglanté l'Europe il y a quatre siècles ne sont plus qu'un mauvais souvenir. En effet, l'Europe est allégée actuellement d'une chape de plomb qui hypothéquait sa marche vers le progrès scientifique et économique. On ne saurait, ainsi, trop souligner la portée d'un tel accord qui devrait servir d'exemple à tous ceux qui, dans les rangs du chiisme et du sunnisme, ont oublié les termes de tolérance et d'ouverture. Et c'est tout bénéfice pour le pays du Cèdre qui pourrait désormais s'acheminer à pas sûrs vers une concorde solidaire et agissante.