Le grand anthropologue français, Claude Lévi-Strauss, décédé mardi dernier, a laissé à l'humanité un message au ton prophétique. L'homme ne se sauvera que quand il aura compris la nécessité de vivre l'expérience de la découverte de l'Autre. C'est à travers l'Autre (y compris la nature) qu'il pourra édifier la planète de la connivence, de la confiance mutuelle, de l'intercompréhension, toutes valeurs qui font cruellement défaut à l'homme d'aujourd'hui. Le célèbre anthropologue est allé jusqu'à émettre un jugement assez féroce selon lequel «le vrai barbare est celui qui ne voit pas la barbarie». La phrase est dure. Mais peut-être pensait-il à l'Holocauste! Mais le monde a-t-il changé depuis la parution en 1955 de son chef-d'œuvre «Tristes Tropiques»? Le cri du cœur a-t-il été entendu par l'humanité? Nullement! Souvent, c'est la pire des choses, on assiste à la métamorphose de l'exploité en exploitant, de la victime en bourreau. Comme par exemple la transmutation du peuple juif, opprimé de la plus féroce des manières en un peuple oppresseur d'un rare cynisme. Sur cette terre bénie par les trois grandes religions monothéistes, règne en maître l'injustice. Une injustice infligée aux Palestiniens dont le seul crime était de réclamer un Etat libre, souverain et viable dans le cadre de la légalité onusienne. Mais quand on voit la Maison-Blanche et Israël prêts à amorcer le dialogue de la paix, mais en continuant en même temps à grignoter la terre et à se refuser à geler la colonisation, on ne peut que pleurer le destin de la conscience humaine, meurtrie par de continuelles et barbares dérives.