Après la mobilisation générale de tous les gouvernements des pays développés pour sauver leurs économies de l'effondrement, les plans de relance engagés semblent apporter leurs fruits au niveau de la zone euro. La zone vient de sortir de la récession dans laquelle s'est trouvée depuis des mois. Cette situation ne fait que nous réjouir, vu les relations commerciales et économiques importantes qui nous lient à cette zone. L'analyse des perspectives économiques en Tunisie, ne peut pas se faire en dehors de la conjoncture dans la zone euro. En effet, nous réalisons plus de 60% de nos exportations vers la zone, ce qui nous laisse tributaire dans une grande partie de nos échanges, de la santé économiques des pays partenaires et de l'évolution du rythme de la demande dans ces économies.
Une sortie de récession plus vite que prévue : Selon les analystes, « la zone euro est sortie de récession plus vite que prévu mais ne connaîtra qu'une reprise graduelle et sans inflation ». Ce constat est très encourageant pour l'économie mondiale et plus spécialement pour l'économie tunisienne. Selon les plus récentes perspectives économiques de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques, la croissance serait de 0,9% dans la zone euro en 2010, puis de 1,7% en 2011, après une récession de 4,0% en 2009. La croissance serait de 1,4% en 2010 et 1,9% en 2011 en Allemagne, elle serait de 1,4% et 1,7% respectivement en France. Le taux directeur de la BCE est à un plus bas historique de 1%. Le déficit public de la zone euro, devrait atteindre 6,1% en 2009 puis 6,7% en 2010 et 6,2% en 2011, alors qu'il était de 2,0% en 2008, en-deçà du seuil de 3% fixé par le traité de Maastricht. Les derniers chiffres confirment cette sortie de crise de la zone. Au cours du troisième trimestre 2009, le PIB de la zone euro a augmenté de 0,4% et celui de l'UE27 de 0,2% par rapport au trimestre précédent. Un résultat positif qui n'a pas été enregistrée depuis des lustres. «La contraction marquée de l'activité dans la zone euro semble s'être achevée plus tôt que prévu, grâce à la poursuite de l'amélioration des conditions financières, aux mesures de relance budgétaire et à la stabilisation de la demande à l'exportation», a annoncé l'OCDE dans son dernier rapport. «Néanmoins, les vents contraires liés au désendettement du secteur financier et à la montée du chômage laissent à penser que la reprise sera progressive», toujours selon la même source. Les signes de cette reprise qui se confirment de jour en jour, témoignent du succès des politiques économiques de relance engagées par les pays développés et spécialement les pays de la zone euro. La question que posent plusieurs analystes, est la manière avec laquelle sera traitée la période d'après crise. En effet, avec les signes de la reprise qui se confirment, les pays de la zone euro auront tendance à stopper les mesures de soutien et les plans de relance pour alléger le fardeau qui pèse sur les finances publiques. Cette situation peut générer une chute de l'économie qui sera très dramatique.
Principaux indicateurs de la zone euro : Voici les principaux indicateurs économiques de la zone euro, tel que présentés par l'agence européenne des statistiques eurostat : Croissance du PIB : Au cours du troisième trimestre 2009, le PIB de la zone euro a augmenté de 0,4% et celui de l'UE27 de 0,2% par rapport au trimestre précédent. En comparaison avec le même trimestre de l'année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières de la zone euro a enregistré une baisse de 4,1% et celui de l'UE27 de 4,3% au cours du troisième trimestre 2009, contre respectivement -4,8% et -4,9% au trimestre précédent. Le taux d'inflation : Selon les estimations le taux d'inflation annuel de la zone euro s'établirait à -0,1% en octobre 2009. En septembre, le taux était de -0,3%. Le taux de chômage : Dans la zone euro le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s'est établi à 9,7% en septembre 2009, contre 9,6% en août. Il était de 7,7% en septembre 2008. Dans l'UE27, le taux de chômage s'est élevé à 9,2% en septembre 2009, contre 9,1% en août. Il était de 7,1% en septembre 2008. Il s'agit du taux le plus élevé dans la zone euro depuis janvier 1999, et dans l'UE27 depuis le début de la série en janvier 2000. Selon les estimations d'Eurostat, 22,123 millions d'hommes et de femmes étaient au chômage en septembre 2009 dans l'UE27, dont 15,324 millions dans la zone euro. Par rapport à août, le nombre de chômeurs s'est accru de 286 000 dans l'UE27 et de 184 000 dans la zone euro. Les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés aux Pays-Bas (3,6%) et en Autriche (4,8%) et les plus élevés en Lettonie (19,7%) et en Espagne (19,3%). Sur un an, tous les Etats membres ont connu une augmentation du taux de chômage. Les plus faibles hausses ont été observées en Allemagne (de 7,1% à 7,6%), en Italie (de 6,8% à 7,4% et en Belgique (de 7,3% à 7,9%). Les plus fortes hausses ont été enregistrées en Lettonie (de 8,1% à 19,7%) et en Estonie (de 4,1% à 13,3%). L'indice des prix à la production industrielle : Cet indice a diminué de 0,4% dans la zone euro et de 0,7% dans l'UE27 en septembre 2009 par rapport à août 2009. En août, les prix avaient augmenté de 0,5% dans les deux zones. En septembre 2009 comparé à septembre 2008, les prix à la production industrielle ont reculé de 7,7% dans la zone euro et de 7,3% dans l'UE27. En septembre 2009, par rapport au mois précédent, les prix dans l'ensemble de l'industrie à l'exclusion de l'énergie sont restés stables tant dans la zone euro que dans l'UE27. Les prix du secteur de l'énergie ont diminué respectivement de 1,9% et 2,6%. Dans les deux zones, les biens de consommation durables et les biens de consommation non durables ont baissé de 0,1%. Les biens d'investissement ont reculé de 0,1% dans la zone euro, mais sont restés stables dans l'UE27. Le volume des ventes du commerce de détail En septembre 2009, par rapport à août 2009, le volume des ventes du commerce de détail a diminué de 0,7% dans la zone euro et de 0,4% dans l'UE27. En août, le commerce de détail avait baissé respectivement de 0,1% et 0,3%. En septembre 2009, par rapport à septembre 2008, l'indice des ventes a reculé de 3,6% dans la zone euro et de 2,5% dans l'UE27. L'indice des entrées de commandes dans l'industrie Dans la zone euro, l'indice des entrées de commandes dans l'industrie a augmenté de 2,0% en août 2009 comparé à juillet 2009. L'indice avait enregistré une hausse de 3,0% en juillet. Dans l'UE27, les entrées de commandes ont crû de 1,2% en août 2009, après avoir progressé de 1,6% en juillet. En excluant la construction navale ainsi que l'équipement ferroviaire et aérospatial, dont les variations tendent à être plus volatiles, les entrées de commandes dans l'industrie ont augmenté de 2,4% dans la zone euro et de 2,0% dans l'UE27. En août 2009 par rapport à août 2008, les entrées de commandes dans l'industrie ont chuté de 23,1% dans la zone euro et de 22,3% dans l'UE27. Commerce extérieur : D'après les premières estimations pour le mois d'août 2009, la zone euro a enregistré un déficit du commerce extérieur de 4,0 mrds d'euros avec le reste du monde, comparé à -11,3 mrds en août 2008. Le solde enregistré au mois de juillet 2009 était de +12,3 mrds, contre -4,6 mrds en juillet 2008. En août 2009 par rapport à juillet 2009, les exportations corrigées des variations saisonnières ont diminué de 5,8% et les importations de 1,3%. Les premières estimations du solde des échanges extra-UE27 pour le mois d'août 2009 indiquent un déficit de 12,1 mrds d'euros, contre -28,7 mrds en août 2008. En juillet 2009, le solde était de +0,6 mrd, contre -23,4 mrds en juillet 2008. En août 2009 par rapport à juillet 2009, les exportations corrigées des variations saisonnières ont reculé de 4,2% et les importations de 1,4%.
Quel impact sur la Tunisie ? La reprise de la croissance dans la zone euro, signifie surtout une reprise de la consommation, de l'emploi et surtout des commandes dans l'industrie. Or cette situation ne peut générer que de la croissance chez nous, avec une possible amélioration de nos exportations. L'impact de cette reprise sur notre économie se fait déjà sentir. Au cours du mois d'Octobre dernier, on vient juste d'enregistrer une amélioration des exportations des IME et du textile, nos deux principaux produits exportés vers la zone, et ceux qui enregistrent les plus importants investissements. Même si les exportations de ceux produits enregistrent un signe négatif, (-9.9% pour les textiles et habillements, et -9.4% pour les IME), ils sont loin des résultats enregistrés au début de l'année (plus de -25%). Faut il rappeler à ce niveau, que la zone euro accapare 66.1% de nos exportations et 51.9% de nos importations, sans oublier les grands investissements qui se concentrent principalement du côté de la France. Les prix des intrants dans l'industrie tunisienne sont aussi handicapés par un euro fort, qui fait augmenter la facture à l'importation. En effet, le dinar se déprécie de plus en plus face à l'euro, qui arrive au niveau 1.95 dinar pour un euro. Un record jamais atteint. Cette situation est tout à fait bénéfique pour nos exportateurs. La Tunisie doit compter sur les perspectives de réelle reprise au cours des deux prochaines années dans la zone euro, pour reprendre la vigueur de la croissance économique enregistrée depuis des années. Nous avons besoin de plus de points de croissance pour arriver à résorber le flux des demandeurs d'emploi.