Susan Butcher a remporté quatre fois la course en traîneau avec des chiens sur une distance de 1150 miles et c'est la seule femme qui a gagné pendant trois ans de suite. Elle fut la première et l'unique personne à prendre une équipe de chiens au sommet de Mont MacKinley (le point culminant de l'Amérique du nord avec une altitude de 6194 mètres). Susan a montré l'importance de mettre en place et de conserver des relations de confiance réciproque au moment de motiver son équipe…
« Lorsque je parle de motivation, ce n'est pas aux gens à qui je pense, il s'agit dans ce cas de motiver mon équipe de chiens de traîneaux et aussi chacun de mes chiens individuellement. Les chiens sont très intelligents et vous ne pouvez pas les obliger à faire ce qu'ils ne veulent pas faire. S'ils n'ont pas confiance en vous, ils ne vous suivront pas.
Mon expérience au cours de 1983 est un bon exemple. A cette époque la piste n'était pas bien indiquée et j'étais une jeune conductrice de traîneau sans expérience. A un moment donné nous nous sommes complément perdus. J'ai du tourner plus de 25 fois pendant des heures avec mon équipe canine pour essayer de retrouver la piste. Les chiens ont fini par perdre la confiance qu'ils avaient en moi. Ils vont pardonner quelques erreurs mais si vous les envoyez dans la mauvaise direction trop de fois, ils vont finir par refuser d'avancer. Et c'est ce qui arriva. A grands efforts, j'ai finalement pu les convaincre de reprendre la route. J'ai dû marcher devant eux parfois pendant même 20 miles. Après avoir été en vingtième position, nous avons réussi à nous classer neuvième. Une fois de retour, tous les conducteurs de traîneau chevronnés me disaient que je ne pourrais plus jamais diriger cette même équipe de chiens, qu'ils avaient perdu toute confiance. Ils pensaient que les chiens avaient perdu confiance en eux-mêmes, mais je savais qu'ils avaient perdu leur foi en moi.
Donc, je me suis attelée à leur faire regagner confiance en moi. J'ai tout fait pour leur faire comprendre à quel point j'étais désolée, et que si j'avais fait des erreurs ce n'était vraiment pas leur faute. J'ai commencé par simplifier les ordres que je leur donnais pour les rendre plus clairs et améliorer la communication. Puis j'ai inventé les situations les plus difficiles pour nous de façon à pouvoir toujours nous tirer d'affaire, quoi qu'il arrive. En même temps je leur ai fait comprendre que j'avais foi en eux, qu'ils pouvaient toujours prendre les rênes en pleine nature et ignorer mes ordres s'ils sentaient qu'il y avait du danger à les suivre. Par exemple, ils savent beaucoup mieux que moi reconnaître là où la glace est fragile.
Dans le courant de l'année, chaque chien avait regagné toute confiance en moi et dans son équipe. Cette même équipe m'a permis de me classer deuxième l'année suivante et puis ce fut la victoire en 1986 »