L'interdiction de la construction de minarets décidée par les autorités helvétiques semble avoir libéré les pulsions xénophobes de pas mal de gens en Occident. Ils seraient heureux, ces gens-là que les croyants musulmans ne puissent disposer pour leurs prières que de vieilles étables dont ne voudraient même pas nos frères les ruminants. Une responsable politique européenne vient en effet de montrer du doigt ces beurs qui portent leurs casquettes à l'envers. Comme si cela pouvait constituer la manifestation d'un abominable fanatisme alors que ce genre de port de la casquette n'est que l'expression d'un désir d'originalité, un désir qui, au demeurant, ne porte pas à conséquence. Et d'ailleurs nombre de jeunes qui n'appartiennent pas à la mouvance islamique, dans le monde, ne se privent pas de cet innocent écart par rapport à la ligne classique. On pourrait se consoler en disant que le ridicule ne tue plus. Mais ce serait se voiler la face devant une monstruosité qui gagne du terrain en Occident et qui fait le lit du racisme le plus débile. Où s'arrêtera-t-on après un tel délire? De jour en jour, l'anti-islamisme, car c'est la religion du Prophète qui est visée à travers cette campagne dénonciatrice, de jour en jour donc l'anti-islamisme quitte le terrain idéologique pour se positionner dans le registre du vécu quotidien du citoyen, au ras-des-pâquerettes dirions-nous, au niveau le plus terre-à-terre des relations humaines, là où cela fait facilement et dangereusement mouche. Il y a certes des réactions d'homme et de femmes d'honneur qui s'expriment à contre-courant face à ce mal rampant. La dernière en date est celle, saine et tonifiante, d'un Gerhard Schröder, ancien chancelier de l'Allemagne, qui vient de prendre, face à l'initiative helvétique, la défense de l'Islam. Puisse ce genre de prise de position faire tache d'huile à l'orée de la nouvelle année, pour le plus grand bien du dialogue des civilisations!