On ne peut tout imputer au hasard ! Dès que les cours du pétrole commencent à régresser, rendant le souffle aux économies émergentes, comme la nôtre, certains évènements, dans telle ou telle région du monde, viennent freiner les chutes et interrompre brutalement les soulagements. Il faut être vraiment naïf pour croire autant aux coïncidences. Qui a intérêt à ce que les cours du pétrole soient en hausse permanente ? Tous les pays producteurs et exportateurs de pétrole, peut-on répondre en toute simplicité. Mais qui est prêt et possède les moyens pour agir directement sur ces cours ? Seule une grande puissance peut le faire. Celle qui peut changer, à tout moment, la donne économique et politique… Celle qui peut toujours créer un nouveau statu quo, quand et où elle le veut, pour pouvoir réajuster les prix à sa libre discrétion, faussant par là même l'évolution normale des cours.
Même si le lobbying demeure une pratique enracinée et largement admise aux Etats-Unies, jamais une administration n'a été aussi proche et liée aux grandes firmes et aux figures influentes du business, tout au long de l'Histoire, pas très longue, de ce pays.
Ce serait totalement erroné de penser que le citoyen américain moyen profite da la situation. Car chez lui, il n'y a pas de redistribution des recettes pétrolières… Et l'oncle Sam est loin d'être, encore, un Etat providence. La hausse des cours ne fait donc qu'alimenter des fortunes légendaires et garnir, encore et toujours, les poches, déjà remplis, d'une poignée d'américains incroyablement riches.
Un seul objectif : hausser les cours… mais mille et une façons pour l'atteindre. Les manœuvres des barons du pétrole sont aussi transnationales que leurs compagnies. Les tensions quasi éternelles avec l'Iran, le déploiement de membres d'Al Qaeda près d'installations pétrolières dans telle ou telle localité au Moyen-Orient, la divulgation de l'état du stock américain révélant très souvent une baisse... Les stimulateurs sont abondants. Et La liste des longues mains de l'administration américaine actuelle est elle aussi longue. Une illustration parfaite de la politique de la terreur collective lancée par les néoconservateurs et qui se base largement sur l'instrumentalisation de l'information et des médias. Tout est ainsi soigneusement monté pour que les approvisionnements semblent menacés et pour que les dangers paraissent si imminents. Ce qui est à même de faire flamber les prix.
Souvent, lorsque tout est pour le mieux dans les régions les plus tendues du monde, c'est du côté du Nigeria que fusent « les solutions ». Récemment, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, principal groupe armé très actif dans la zone pétrolière sud du pays, a lancé ce qu'il a appelé -on ne peut plus symbolique- « la guerre du pétrole », en réaction à une vaste offensive de l'armée nigériane dans la région. Dans ce cas comme pas mal d'autres, les oléoducs et les plates-formes sont les principales victimes des actes de violence. Comme par hasard, il s'agit là d'une reproduction du scénario qui a eu lieu dernièrement en Bolivie et qui se déroule presque chaque jour en Irak.
La question qui dérange est la suivante : qui supporte les conséquences de tels actes ? Ce n'est pas évidemment le groupe armé. Ce n'est pas non plus cette firme américaine à laquelle appartiennent les équipements détruits, puisque la hausse des cours lui permettra de compenser ses pertes. Ce n'est pas encore le Nigeria qui, étant membre de l'Opep et producteur de plus de deux millions de barils par jour, profitera également de la hausse des cours. Mais ce sont en l'occurrence les innocents importateurs et consommateurs de pétrole, dans les quatre coins du monde, qui vont payer la facture.