Nombreuses ont été les leçons retenues à cause (ou grâce) à la crise mondiale qui a secoué, tout au long de l'année précédente, les places boursières, la finance mondiale et les économies les plus solides. Les politiques de l'ensemble des pays menacés ou directement touchés ont vite troqué leurs costumes-cravates pour des combinaisons de sapeurs-pompiers et se sont lancés dans les grandes manœuvres d'extinction de l'incendie. Analystes, économistes, experts et hommes d'Etats se sont relayés pour comprendre, expliquer, proposer et agir… pour trouver les solutions… pour au moins limiter les dégâts dans un premier temps avant d'entamer les véritables opérations de sauvetage et de remise en forme d'un système mondial en bien mauvaise santé et dont le bilan clinique n'est point rassurant sur les plans économique et financier.
Ainsi, dès que l'accalmie s'est fait sentir aux débuts de l'année en cours, certaines décisions de grande portée viennent d'être prises par les pouvoirs publics dans plusieurs pays aux fins de repenser le système, clarifier les rôles et les procédures, limiter l'omnipotence de l'argent et le pouvoir absolu du gain à haut risque.
Le meneur donne l'exemple A tout seigneur tout honneur, les Etats-Unis ont assimilé la leçon et ont fini par comprendre, au prix fort, qu'il leur appartient, en priorité, de «nettoyer» chez eux. Barak Obama l'a prévu et promis. Sa toute récente initiative a vite changé la donne, et ses nouveaux projets bancaires rencontrent l'approbation des capitales européennes qui ont salué l'utilité du plan Obama dans le domaine de la régulation financière et bancaire. Attitudes mesurées car c'est dans des discussions internationales telles le G20 que l'évaluation réelle du plan Obama sera effectuée. D'ailleurs, sitôt annoncées, les propositions du président américain ont fait leur effet sur les places financières du monde et notamment celles de l'Europe et de Wall Street. Les valeurs bancaires ont été les plus pénalisées par les projets du président Obama. Ceci est d'autant plus compréhensible que ce dernier veut, par son plan, «limiter la taille et les activités des établissements implantés aux Etats-Unis» dans le but d'empêcher l'irruption de nouvelles crises mondiales. Obama et son entourage sont enfin arrivés à la conviction qu'il n'est plus question de renflouer des banques sur le dos du trésor fédéral pour qu'elles évitent la faillite tout en continuant leurs «manigances» financières dans l'opacité et le haut risque. Le gros du plan Obama peut se résumer succinctement dans les points suivants: a) Inscrire dans la loi des mesures limitant la taille et les activités des banques dans un objectif de mettre fin aux excès ayant causé les effets de la crise. b) Interdire à toute banque aux Etats-Unis de collecter de l'épargne et des dépôts, tout en spéculant sur les marchés pour son propre compte. c)Si cette démarche se concrétise, les banques américaines cesseront d'investir dans les actifs à risque qui iront chuter.
Plus qu'un plan… une bataille Les milieux financiers et les lobbies des banques américaines ont accueilli les décisions d'Obama avec colère et dénégation. Ils dénoncent une ingérence grave de l'Etat fédéral dans les rouages économiques du pays. Par cette attitude, ils donnent le ton pour une bataille où il n'est plus question de techniques, de correctifs, d'analyses et d'expertise, mais plutôt d'un bras de fer contre le président. Il faut dire aussi que ce dernier n'y va pas de mainmorte. Il se dit prêt à se battre… et rétorque que «le contribuable américain ne sera jamais pris en otage» par ces établissements qui gèrent si mal qu'ils dilapident l'argent de l'américain moyen. Et si l'Etat fédéral a été obligé de sauver les grandes banques en injectant de l'argent ou en rachetant certaines, c'était surtout pour ne pas provoquer un cataclysme incontrôlable et donc mortel. Mais si l'Europe en général, avec le Japon et autres pays concernés, considèrent avec optimisme que le plan Obama «peut fonctionner», même s'il n'est pas encore voté par le Congrès, une bonne partie des partenaires de l'Oncle Sam jugent inopportun de se précipiter pour copier ce qui se prépare outre-Atlantique. Le gouvernement français, à titre indicatif, souligne, non sans un brin d'ironie, que «les choses sont souvent compliquées aux Etats-Unis. Et les projets tels qu'ils sont présentés au départ n'ont parfois plus rien à voir à l'arrivée».