On n'y comprend plus rien. Dès l'ouverture, le matin, des fenêtres, on est accueilli, ces jours-ci, soit par un temps frisquet soit par un souffle de vent caniculaire. Et tout un chacun de nous déplorer les caprices de dame Nature. Pas de demi-mesure comme il sied d'habitude aux senteurs printanières dont la douceur a toujours inspiré les poètes. La remarque la plus courante que l'on entend un peu partout, c'est qu'il n'y a plus de printemps dans le lexique climatique. On passe directement des claquements de dents causés par le froid aux sueurs poisseuses de l'été. Dire que le verbiage sur les retournements brusques de la météo occupe une place assez envahissante dans les conversations, c'est énoncer un fait qui n'est plus à démontrer. On balance entre deux craintes sous-jacentes: craintes des brûlures asséchantes de la chaleur estivale et craintes de pluies torrentielles susceptibles de submerger tout ce qui vit sur terre. Deux phénomènes que l'on s'empresse d'attribuer au dérèglement climatique généré lui-même par un trop plein de gaz carbonique. Le CO2 constituerait l'ennemi public n°1 de l'homme. Mais il n'y a pas que le citoyen lambda qui en fait le sujet de ces papotages. Il y a plus grave: la place prise par cette «hystérie» dans les moyens d'information, et surtout dans les prises des positions des savants. Et là un grand clivage sépare les tenants de deux hypothèses contraires: ceux qui font montre de catastrophisme (menaces sur la biodiversité, menaces sur les villes côtières, assèchement des lacs et des mers comme le cas de la mer d'Aral en Asie Centrale réduite en une croûte craquelée, etc.), et ceux qui pensent que le réchauffement climatique n'est qu'un fantasme né dans l'esprit de certains savants adeptes du «terrorisme scientifique». Le réchauffement ne serait, selon ces derniers, qu'un phénomène naturel qui apparaît de façon cyclique sans provoquer les dégâts monstrueux que l'on redoute. Le citoyen lambda ne sait plus où donner de la tête. Peut-être ferait-on mieux de fermer les oreilles devant les uns et les autres, et de laisser faire la nature.