· Près de 88% des personnes interrogées se sont dit fières du fait que l'Afrique du Sud organise la Coupe du monde, et 83% ont admis que cet événement contribuerait à améliorer l'image de marque du pays à l'étranger. · la FIFA a atteint des records : 3,2 milliards de dollars (2,15 milliards d'euros) sur l'exercice 2007-2010, du jamais vu pour la Fédération.
L'Afrique du Sud place tous ses espoirs dans la première Coupe du monde de football organisée en 2010 sur le continent pour changer son image et attirer touristes et investisseurs. Pour la Fifa, c'est le pactole : la Fédération a engrangé les revenus les plus hauts de son histoire. Pour accueillir la Coupe du monde de football, l'Afrique du Sud a dû investir 40 milliards d'euros - dont 1,7 milliard directement lié au Mondial - essentiellement pour combler son retard en matière d'infrastructures de transport et de communication. Le budget de l'Allemagne en 2006 (6 milliards) est très largement dépassé. Pour les trois précédentes coupes du monde de la FIFA, organisées respectivement en France, au Japon et en Corée, puis en Allemagne, les sommes déboursées étaient comprises entre 1,6 et 2 milliards d'euros. Nous sommes certes au pays du prix Nobel de la paix Nelson Mandela, première puissance économique du continent, développé, jouissant d'infrastructures ultramodernes, bien évidemment puisqu'elle a organisée une coupe du monde rugby. Cependant il s'agit ici du sport roi, du football, d'une grande messe qui réunie pendant un mois les stars planétaires du ballon, ruant ainsi tous les regards de la planète vers le pays qui l'accueille. Pour cela, l'Afrique du Sud a dû mettre et avec beaucoup de bonheur, la main à la poche pour faire et refaire, routes, stades, aéroports, rails, hôtels… Oui, cela a dû couter cher, très cher. Un impact financier relatif L'impact financier de l'organisation d'une Coupe du monde est parfois mitigé, avec des retombées qui se mesurent sur le long terme plutôt qu'au moment de l'événement lui-même. Surtout pour l'Afrique du Sud, qui n'en attend pas autre chose : ce Mondial est celui de tout un continent féru de ballon rond et qui souhaite montrer un nouveau visage au monde quel qu'en soit le prix à payer. En tout, le pays table sur un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros correspondant à 5,5 milliards d'euros directement injectés dans son PIB, 129 000 emplois créés, dont 50 000 durables, et 1,9 milliard d'euros de recettes fiscales supplémentaires. Après le Mondial 98, la France avait obtenu une croissance de 3,5 % de son PIB en 1998 contre 2,3 % en 1997. La victoire des Bleus jouant un rôle notable dans la bonne performance économique du pays. Car, finalement, l'impact du Mondial reste modeste. En Allemagne par exemple, il n'avait pas vraiment modifié les performances économiques. L'entreprise fabricante de Goléo, le lion en peluche mascotte de la Coupe 2006, avait même déposé le bilan. De fait, cette part dans le PIB est très différente selon le niveau de développement des pays: 5% de la richesse nationale pendant les quatre années de préparation pour l'Afrique du Sud ; 0,07% pour l'Allemagne. Selon le cabinet Grant Thornton, les retombées espérées du Mondial contribueraient à une augmentation du PIB sud-africain de 5,5 milliards d'euros, en stimulant les marchés du bâtiment et des travaux publics, ainsi que ceux du sport et du tourisme, et ce avec une création de 60.000 à 80.000 emplois et un supplément de fréquentation touristique de 450.000 visiteurs. Toutefois, selon les conclusions de l'étude de Bank of America-Merill Lynch, analysant l'impact macroéconomique des Coupes du monde de football allant de 1954 (Suisse) à 2006 (Allemagne), les pays organisateurs ont en moyenne enregistré pendant l'année de la compétition une croissance économique inférieure à leur rythme habituel. L'aubaine touristique est également fortement majorée: en Afrique du Sud, la Coupe du monde de rugby 1995 a attiré 27.000 touristes et la Coupe du monde de cricket 2003, 18.500. Tourisme et événementiel : les grands gagnants Pourtant, malgré la crise, les organisateurs sud-africains espèrent des performances économiques au moins équivalentes à celles de ses prédécesseurs, à l'image des investissements consentis. Plus de vingt-deux hôtels ont été construits dans la seule ville de Johannesburg pour accueillir les 480 000 touristes étrangers attendus dans le pays. Bien loin du 1,3 million de touristes enregistré lors de la Coupe du monde 2006. Mais là où seulement 16 % des touristes avaient combiné leurs matchs avec leurs vacances, l'Afrique du Sud table sur une bien meilleure performance. Après un long voyage, les fans de foot profitent pour visiter le pays. 7,3 milliards d'euros des revenus liés au tourisme sont attendus. Et c'est surtout dans le futur que les bénéfices devraient se faire sentir. Prenant exemple sur l'Allemagne, où 88 % des visiteurs avaient déclaré recommander à leurs connaissances un voyage à l'issue du Mondial, le comité du tourisme sud-africain table avec optimisme sur 10 millions de visiteurs en 2010, soit une augmentation de 5,2 % après une saison touristique à marquer d'une pierre noire. Car le plus important pour l'Afrique du Sud est bien de se débarrasser de son image de pays dangereux. La police sud-africaine a déboursé 64 millions d'euros afin de déployer 41 000 agents spéciaux de sécurité, sur fond de recrutement massif. 66,5 millions d'euros ont par ailleurs été alloué à l'achat d'équipement anti-émeute. Ce fort accent mis sur la sécurité a réussi à convaincre. Droits télévisés multipliés par deux De son côté, la Fifa finance l'événement à hauteur de 1,08 milliard de dollars (723 millions d'euros) et 423 millions de dollars (283 millions d'euros) pour le comité d'organisation sud-africain. Là aussi, le budget est légèrement supérieur à celui des précédentes Coupes du monde, notamment concernant la sécurité. Mais côté recettes – dont 95 % sont liées au Mondial –, la Fédération internationale de foot a atteint des records : 3,2 milliards de dollars (2,15 milliards d'euros) sur l'exercice 2007-2010, du jamais vu pour la Fédération. Les droits télévisés – incluant radio, Internet et mobile – ont été vendus pour 2 milliards de dollars (1,3 milliard d'euros), soit deux fois plus qu'en 2006. Entre 1998 et 2002, ces montants avaient déjà été multipliés par 10, passant de 86 à 860 millions de dollars (de 57 à 575 millions d'euros). Ils représentent 63 % des recettes de la Fédération. Côté sponsors, les marques partenaires déboursent 1 milliard de dollars, soit 669 millions d'euros, pour atteindre 31 % des revenus de la Fifa. Et même s'ils ne représentent plus qu'une petite part des revenus de la Fifa, les billets se vendent bien. Au milieu de la seconde phase de vente, près de 700 000 (sur 3 millions au total) ont trouvé preneur, dont 53 % auprès de Sud-africains. Avec un prix moyen de 136 dollars (91 euros), les billets partent à un coût comparable aux autres éditions. Reste une exception notable, celle de la création d'une catégorie 4 au prix de départ de 20 dollars (13,30 euros). Elle est réservée aux seuls Sud-africains, dont 43 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les retombées économiques d'une organisation de la coupe de monde Selon le Docteur Abderrahmane MEBTOUL, Professeur d'Université et économiste, il existe à ce niveau plusieurs avis divergents les uns optimistes, les autres donnant une analyse mitigée. Pour les premiers, il existe des retombées positives par trois facteurs majeurs -une augmentation de l'afflux de voyageurs étrangers dans le pays hôte, durant la période de la Coupe du Monde bien sûr, mais également durant les mois suivants (et dans une moindre mesure, les années). Ainsi, pour les pays réalisant de bonnes performances, la hausse du moral de la population provoque une stimulation du marché et améliore la productivité du pays. Exemple l'Argentine depuis 1987, dont chaque crise a été suivie de scores décevants de son équipe, et dont le redressement est suivi de bons résultats. Allant dans le même sens pour l'organisation mondiale du commerce note que ans le domaine du tourisme l'Angleterre et l'Allemagne ont pu générer une hausse de 9,6% et les analystes de la banque néerlandaise ABN-AMRO soulignant dans une étude baptisée Soccernomics 2006″, que « sans être à ce point puissants qu'ils puissent transformer une récession en boom économique, les effets macroéconomiques et boursiers d'une victoire en finale de Coupe du monde ne doivent pas être sous-estimés ». Et de noter que, de 1970 à 2002, le pays vainqueur a enregistré en moyenne un surplus de croissance de 0,7%, tandis que le finaliste voyait sa croissance rognée de 0,3% par rapport au taux de l'année précédente. Pour les opinions d'autres experts plus mesurés, il n'existe pas de corrélation et il faut évier l'euphorie car les performances d'une équipe nationale peuvent varier selon la santé économique du pays. Du côté de la Bourse, une étude menée par des universitaires du Massachusetts Institute of Technology, de l'université de Dartmouth (Etats-Unis) et de l'Ecole de management de Norvège montre que seules les défaites ont un impact sur les cours de Bourse, les victoires ne se traduisant pas toujours par une hausse. Selon cette étude, un échec fait perdre en moyenne au marché 0,38% au premier tour de la Coupe du monde, lorsqu'une défaite n'est pas toujours synonyme d'élimination, et 0,49% lors des matches à élimination directe. Une autre étude menée à la Bank of America-Merrill Lynch en 2008 note que de la Suisse, en 1954, à l'Allemagne, en 2006, les pays organisateurs ont en moyenne enregistré pendant l'année de la compétition une croissance économique inférieure à leur rythme habituel. Leur PIB augmente en moyenne de 2,3 % lors de l'événement, contre 3,1 % en dehors de l'épisode footballistique. Ainsi, les Français ont bien davantage consommé en 2000 qu'en 1998. En 1974, l'Allemagne n'a pas échappé aux effets dévastateurs du choc pétrolier. L'Argentine, en 1978, et le Mexique, en 1986, ont même connu une récession (- 3 % chacun). Le PIB des organisateurs croît souvent moins l'année de la compétition que juste avant et juste après. Et Alors… Bien qu'elle ait été éliminée au premier tour, à travers l'Afrique du Sud, c'est l'Afrique toute entière qui est sous les feux des projecteurs. La Coupe du Monde sera-t-elle incontestablement une aubaine pour projeter une image positive et différente de l'Afrique? Une Coupe du Monde réussie aidera à changer la vision que de nombreux investisseurs étrangers ont de l'Afrique. Car les retombées indirectes d'une meilleure image à l'étranger pourraient avoir un impact encore plus important et durable, non seulement sur l'Afrique du Sud et son développement mais aussi sur l'ensemble du continent. Le succès de cet événement, en terme de sécurité, d'organisation, d'hébergement, d'infrastructure, de transport et le professionnalisme, pourrait avant tout jouer en la faveur de l'Afrique du Sud, mais aussi de l'Afrique. Et l'organisation de la Coupe du Monde dans un pays africain aidera-t-elle avant tout les africains à ouvrir les yeux sur leur potentiel et leur donnera-t-elle plus d'assurance à créer une Afrique meilleure? Le changement vers une économie meilleure passe avant tout par les Africains, la Coupe du Monde en sera-elle le déclic?