Les professionnels de la comptabilité éprouvent un besoin réel en ressources humaines spécialisées dans les domaines de la comptabilité, de la fiscalité, du droit des affaires et des technologies de l'information. Les jeunes diplômés en sciences comptables et expertises comptables offrent, grâce à leur formation polyvalente dans ces domaines, le meilleur profil pour le recrutement des cabinets de comptabilité et d'experts comptables. Force est de remarquer aussi que si le niveau de compétences techniques et scientifiques des étudiants ayant obtenu le certificat d'études supérieures en révision comptable demeure excellent, le niveau des jeunes diplômés en sciences comptables est inconstant et reste généralement variable en fonction de l'université dont l'étudiant serait issu et de sa capacité d'assimilation. Les matières enseignées répondent-elles aux besoins de la profession ? Les besoins des professionnels s'articulent autour de quatre axes majeurs : la comptabilité, la fiscalité, le droit des affaires et la capacité d'utilisation des technologies de l'information. Pour la comptabilité, nous estimons qu'il convient de renforcer la connaissance des normes comptables internationales en raison des potentialités significatives d'exportation des services comptables à l'échelle internationale. Pour la fiscalité, les étudiants en expertise comptables justifiaient, sous l'ancien régime de la maîtrise, du plus grand nombre d'heures d'enseignement supérieur dans les disciplines fiscales. Il nous semble, toutefois, que sous l'égide du nouveau régime LMD, la fiscalité est moins présente dans les programmes ; ce qui représente un véritable handicap pour la profession comptable et pour la qualité des prestations fiscales qu'elle fournit aux entreprises. Il en est de même pour le droit des affaires dont l'enseignement aux étudiants en sciences comptables et en expertise comptables gagnerait à être sensiblement renforcé particulièrement en raison de l'obligation faite aux commissaires aux comptes de révéler les faits délictueux au procureur de la République.
En ce qui concerne le système LMD, que suggériez-vous ? D'abord, je pense qu'il convient d'associer activement les professionnels de la comptabilité dans l'enseignement supérieur. Ceci suppose, à mon avis, une revalorisation substantielle du niveau de rémunération des professionnels de la comptabilité et vacataires de l'enseignement supérieur. En effet, le niveau actuel de rémunération est franchement décourageant et ne peut inciter les professionnels à dispenser des cours dans les universités publiques. Or, l'implication active desdits professionnels est, à mon avis, obligatoire pour parfaire la formation de nos étudiants. Par ailleurs, je reviens sur la nécessité d'augmenter considérablement le nombre d'heures d'enseignement dans les disciplines fiscales. Quatre semestres de fiscalités sont à mon avis nécessaires pour toute licence dans le domaine de la comptabilité (TVA, Impôt sur le revenu et impôt sur les sociétés, avantages fiscaux, droits d'enregistrement). Dans les études de révision comptable, l'accent pourra être mis sur la fiscalité internationale et le contrôle et contentieux fiscal.
Que pourriez-vous proposer pour que les mémoires de fin d'études aient un aspect plus pratique que théorique ? Nous remarquons que les stages demandés par les universités ont lieu durant les mois d'été où l'activité des cabinets est généralement ralentie en raison des congés annuels. Je préconise donc que ces stages soient programmés en cours d'année. Aussi, il serait opportun d'associer davantage les professionnels dans le choix des sujets de mémoires et de projets de fin d'études et de réfléchir sur la possibilité de permettre à certains hauts cadres de l'administration d'encadrer les étudiants en sciences comptables.