Une idée sur les normes comptables tunisiennes, américaines et internationales, leurs avantages et leurs faiblesses? Avant, en 1968, nous avions un Plan Comptable Nationale (PCN 68). C'était une doctrine. Un PC inspiré du PC français de 1947et qui privilégie l'Etat en l'occurrence le prélèvement fiscal et les besoins de la comptabilité publique. En 1996, c'était la première métamorphose qui a eu lieu dans la comptabilité. La loi de 1996 comprend une loi : 96-112, un décret qui a introduit le cadre conceptuel, et, les normes introduites par des arrêtes du Ministre des Finances. Lors de la conception du Système Comptable des Entreprises de 1996 (SCE 96), on s'est largement inspiré des normes américaines et canadiennes. Pour cela, notre système comptable est très proche des normes IFRS. C'est le même cadre conceptuel des IFRS, dans le sens que les utilisateurs privilégiés de l'information financière sont les investisseurs et les bailleurs de fonds. Ce qu'on reproche au SCE c'est qu'il y a quelques exceptions par rapport aux normes internationales. La grande question principale posée: Est-ce qu'on va adopter les IFRS ou bien les adapter au contexte tunisien ? Sachant que, à ce moment précis la seule divergence de taille par rapport au système IFRS, c'est la juste valeur comme principe de valorisation des actifs alors que notre comptabilité est basée sur le coût historique ; il faut noter que l'adoption du concept de la juste valeur nécessite l'existence d'un marché liquide. La Tunisie va passer aux normes IFRS vers l'année 2014. Que devrait nécessiter notre transition vers ce nouveau référentiel international? Il y a des commissions qui travaillent sur le sujet. A mon sens, il faut tout simplement adopter ces normes et développer notre comptabilité vers l'adoption des IFRS. Le problème c'est de l'adaptation (qui coûte très chère) et non de l'adoption. Je suis pour l'adoption des normes IFRS telles qu'elles sont. Il y a des normes IFRS PME qui s'adaptent avec l'économie tunisienne. Il faut les adopter et commencer par les mettre en place parce que ce n'est pas très lourd. Le référentiel IFRS ce n'est pas une seule technique comptable à adopter. C'est un cadre environnemental d'organisation de la comptabilité et du système d'information. A mon avis, l'idée serait d'adopter en premier temps les IFRS PME et de les mettre en application pour les petites entreprises. Il faut divulguer ces normes. Les experts comptables c'est un corps qui existe entre l'université et le monde économique. Nous sommes une partie du métier : 700 experts comptables par rapport à des milliers comptables salariés. La mise en place de ces normes nécessite un encadrement comptable des entreprises, un changement des manuels et des procédures comptables, le paramétrage de logiciels comptables, des politiques comptables, la formation, etc. Par ailleurs, à part les IFRS, il y a aussi l'IPSAS pour le secteur public qui devrait en tenir compte. La Tunisie est classée 5ème en matière de bonne gouvernance et de gestion des déniés de l'Etat. C'est un pays structuré, avec une bonne gestion. Or, aujourd'hui, la gestion est en train d'évoluer. Il faut évoluer et faire des vitesses pour que notre système comptable évolue. Parviendrons-nous à relever le défi de son application vers 2014 ? Tout dépend de la prise de décision au niveau des autorités compétentes à propos de la stratégie à mettre en œuvre. A mon avis, nous avons les moyens au niveau de la profession pour réussir cette entreprise. Si nous avons réussi en 96-97 avec le SCE, nous pouvons réussir aussi bien pour les IFRS que pour l'IPSAS. Mais, il faut entamer le processus.