Ils commençaient à broyer du noir et à voir la vie en couleurs sombres. Ce sont les agriculteurs qui, tout au long du début de l'automne, scrutaient le ciel en quête d'amas floconneux qui viendraient arroser une terre desséchée, assoiffée. Ils, ce sont les agriculteurs, principalement les céréaliculteurs et les éleveurs pour qui la saison qui vient de s'écouler a été chiche, rayon pluviométrie. Une baisse de 50% de la production céréalière et des grandes cultures en général a été enregistrée cette année. La gravité de la situation n'a pas échappé à la vigilance de ceux qui président aux destinées de notre agriculture. L'enjeu est de taille. Il s'agit rien de moins que de l'importance de ce secteur dans la stratégie de la sécurité alimentaire, une des priorités majeures de l'œuvre de développement national. Certes, il ne faut pas crier à la catastrophe, car la Tunisie a enregistré ces dernières années des résultats remarquables et un taux de croissance de l'ordre de 3%. Le secteur agricole a maintenu sa participation au Produit Intérieur Brut (PIB) à un taux de 12% et a contribué à abaisser à 3% le taux de pauvreté. Mais il faut quand même accepter la loi du climat aride et semi-aride dans lequel baigne notre pays. Il faut s'attendre à ce que des années de vaches maigres viennent s'insérer dans le cycle des vaches grasses. Il arrive que la corne d'abondance ne laisse échapper que quelques maigres récoltes. Ceci dit, les récentes pluies qui ont arrosé le nord et le centre du pays ont balayé les craintes. L'on dit que les ondées qui tombent en cette période précise de l'automne sont des signes annonciateurs de belles fournées de blé. Les agriculteurs n'ont plus qu'à retrousser leurs manches pour mener à bien l'opération des semailles. Ils y sont invités avec d'autant plus de diligence que l'Etat ne cesse de travailler d'arrache-pied pour pallier ce genre de défaillance. Des mesures très percutantes ne cessent d'être prises concernant le statut foncier des exploitations agricoles, l'encouragement de l'investissement agricole, le développement des institutions de recherche, de vulgarisation et de formation, etc. Tout ceci sans parler des aides en nature fournie aux petits exploitants en cas de sécheresse. Sans parler également des rééchelonnements des dettes quand la situation l'exige, de la mise à la disposition de ces exploitants, à des prix compensés, des semences d'orge ordinaire, etc. Bref, tout un arsenal d'initiatives qu'il serait long d'énumérer et qui atteste la volonté présidentielle de mettre le pays à l'abri de tout passage à vide dans un domaine vital de notre invulnérabilité économique et de notre prospérité alimentaire.