Hammamet… Les années soixante, un beau village paisible, connu pour sa plage merveilleuse et son festival de haute qualité internationale où la Jet Set européenne côtoie les grandes vedettes mondiales de la chanson et du théâtre… Bien avant même, le père Stanley était déjà propriétaire d'une jolie villa située à la corniche, seule, sans voisins sinon des lots de terrains non bâtis au bord de la mer, comme d'ailleurs la plupart de nos villages côtiers de l'époque…
Stanley fils, Allen de prénom, hérite en 1969 de cette villa et décide de continuer à y vivre jusqu'en… 1992, année où il a donné son accord pour vendre son bien à un autre étranger de nationalité italienne nommé Dorlendo qui s'est porté acquéreur par acte de promesse de vente déposé, avec tout un dossier, aux autorités compétentes, seules habilitées à donner son accord pour la vente de biens immeubles à un étranger… Comme si personne n'était pressé et comme si les délais n'avaient pas d'importance, tout le dossier a plongé dans un «sommeil» profond qui a duré… 8 ans, dans les placards du gouvernorat de Nabeul…
Les prédateurs… aux aguets! Pis encore, parce que d'autres parties (Pourquoi les citer si on les connait?) ont commencé à s'intéresser au dossier et ont flairé la bonne affaire, le sieur Stanley apprend, en 2003 et à sa grande stupéfaction, que l'Etat annule l'acte de promesse de vente, rejette le dossier et exerce son droit de préemption… (Décision ministérielle n°289)… Et la chevauchée cauchemardesque commence pour M. Stanley entre avocats, gouvernorat, ministères et tribunaux… Il s'adresse à la justice (Tribunal Administratif) portant plainte pour abus de pouvoir. Cinq longues années ont été nécessaires au citoyen Stanley (durée d'un plan économique quinquennal pour un pays) pour, enfin, avoir gain de cause grâce à la droiture et l'honnêteté d'une juge appelée Samia Bokri qui, par décision n°12639 en date du 15 juillet 2008 (date à retenir) annule la fameuse décision ministérielle n°289 et restitue au plaignant ses droits. Et comme les épisodes à suspense doivent se succéder pour faire un bon feuilleton à couper le souffle, le ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières interjette appel et obtient un jugement en sa faveur, annulant ainsi la décision du Tribunal Administratif…
Le pot aux roses est découvert Cette course poursuite et ce chassé croisé judiciaire pourraient paraître compréhensibles dans les vastes dédales des tribunaux, sauf que… Un avis datant du 9 juillet 2008, c'est-à-dire 6 jours avant la décision prononcée de la juge Bokri portant le n°12639, parvient à M. Stanley le sommant d'obtempérer à la décision du tribunal… Le comble de l'ironie est que l'avis adressé à M. Stanley fait référence à la décision n°12639 qui, à cette date, n'était pas encore sortie… Comble aussi de ridicule qui, heureusement, ne tue pas, tout le dossier de l'opération qui a commencé une certaine année 1992 fut demandé par le tribunal et ramené du siège du gouvernorat… Et l'on constata que le dossier, était non seulement complet et répondant aux conditions requises, y compris l'accord de l'Institut National du Patrimoine, mais qu'en plus l'accord écrit du Gouverneur sur la marge de la demande d'autorisation de la vente a été délibérément raturé jusqu'à devenir illisible.
Morale de l'histoire Et le feuilleton de toucher à sa fin… heureuse, nous l'espérons… La villa de M. Allen Stanley est toujours là, à Hammamet, sur la corniche, intacte, épargnée du feu de la casse… qui ont ravagé les super villas adjacentes. Cette affaire rocambolesque constituerait la partie apparente d'un iceberg où tous les terrains limitrophes à la villa Stanley ont été pris ou acquis de manières détournées… La villa d'un certain Silvain Stob a connu le même sort, mais pourrait-elle un jour nous raconter son itinéraire et ses déboires? Ceux qui ont fait main basse sur toute la corniche de Hammamet sont sortis, partis, déchus et chassés… A quoi servirait tout l'or de Crésus et tout le pouvoir du monde si c'est pour aboutir à un tel gâchis?