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Quand un article fait sensation
Publié dans L'expert le 16 - 02 - 2011

L'ex-plume de Jean Pierre Raffarin a conseillé Ben Ali jusqu'au dernier jour

● «J'ai écrit pour Ben Ali sans l'avoir jamais rencontré ou travaillé avec lui»
● Je me suis dit, peut-être naïvement, qu'il y avait un très grand danger pour le pays. Mais je ne laisserai personne dire que j'ai soutenu Ben Ali

Le document ci-après est repris intégralement de la publication MEDIAPART-Le Journal où son auteur Lenaïg Bredoux parle d'un certain rôle joué par un cadre tunisien de banque en matière de communication et de conseil pour le président déchu Ben Ali:

Hakim El Karoui, banquier chez Rothschild et ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, ne s'est pas contenté, comme nous l'avons raconté, de donner des conseils de communication au Premier ministre de transition tunisien, Mohamed Ghannouchi, ni de lui ouvrir son épais carnet d'adresses afin de recruter les nouveaux ministres, parmi lesquels figurent certains de ses amis, comme le ministre du Commerce et du tourisme Mehdi Houas.
Avant même de se rendre à Tunis le 19 janvier pour conseiller Ghannouchi, ce Franco-Tunisien très influent dans les milieux politiques et économiques (photo) a en effet prodigué des conseils à… Ben Ali lui-même, les jours précédant le départ de celui-ci pour l'Arabie Saoudite, et alors même que le régime réprimait sévèrement la contestation.
Mediapart s'est en effet procuré deux notes d'une page signées de la main d'Hakim El Karoui et adressées à «Son Excellence Ben Ali».
Le banquier, fondateur du très sélect cercle de jeunes dirigeants Club XXIe siècle, y prodigue quelques conseils pour gérer la crise, alors même que le régime est en train de vivre ses derniers jours. La première est date du 12 janvier. La seconde a été écrite le 14 au matin, quelques heures à peine avant la fuite du dictateur.
Interrogé ce lundi, Hakim El Karoui a admis en être l'auteur, et a précisé en avoir écrit la même semaine une troisième, où il dit avoir proposé la création d'un «revenu minimum pour lutter contre la pauvreté», et la «taxation des salaires élevés, de l'immobilier et des télécoms» pour résoudre la crise sociale.
«Mais je n'ai jamais travaillé avec Ben Ali, je ne l'ai jamais rencontré et n'ai pas été son conseiller», se défend le banquier. Il assure avoir simplement répondu à une sollicitation d'un de ses amis, l'homme d'affaires Marouane Mabrouk, patron d'Orange Tunisie (il en est propriétaire à 51%) et mari de Cyrine, une des filles du dictateur déchu.
El Karoui et Mabrouk, qui tentent actuellement de se démarquer du régime alors que sa famille a prospéré depuis l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, se connaissent fort bien: le banquier a construit, en 2010, l'accord financier entre Orange et la famille Mabrouk ayant abouti à la création d'Orange Tunisie, société dont El Karoui est d'ailleurs administrateur…

«Terroristes infiltrés»
La situation est alors extrêmement critique pour le régime: depuis l'immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre à Sidi Bouzid, les manifestations n'ont fait que s'intensifier, et la révolte a gagné Tunis depuis la veille. Le discours du président deux jours plus tôt, dénonçant des «actes terroristes» perpétrés par des «voyous cagoulés», n'a fait que rajouter à la colère des Tunisiens, effrayés par les images de la féroce répression qui s'est abattue durant le week-end, notamment à Kasserine (photo) et Thala.
El Karoui propose alors à Ben Ali de «changer profondément» son gouvernement et ses conseillers. Il lui propose de «donne(r) un signal clair et fort» en désavouant «ceux qui, se revendiquant de (son) entourage, sont à l'origine du sentiment d'injustice»? Allusions au clan de son épouse, les Trabelsi, détestés par la population. Il lui conseille également d'«envoyer un message de compassion aux familles des victimes», et croit bon d'appuyer son propos en reprenant le discours sécuritaire du président: «Même s'il y a de la manipulation, même s'il y a des terroristes infiltrés (sic), vous êtes le Père de la Nation (en gras dans le texte) et le Père de la Nation doit être aux côtés de ses fils quand ils souffrent».
Pris de court par l'ampleur de la contestation, Ben Ali fait ce jour-là un premier geste et limoge son ministre de l'Intérieur. Le soir même, rien n'y fait, les manifestations continuent, et au moins huit personnes sont tuées dans la banlieue de Tunis.

«Personne ne pensait que le changement serait aussi rapide»
Discours TV de Ben Ali, le 13 janvier. Le lendemain, il quitte le pays
Deux jours plus tard, au matin du 14 janvier, Hakim El Karoui rédige une nouvelle note.
La veille au soir, un Ben Ali en bout de course a prononcé à la télé un discours enregistré, où il a plusieurs fois martelé: «Je vous ai compris!» Il a même annoncé une série de réformes politiques pour apaiser la rue, et dit qu'il ne se représenterait pas en 2014. Certains responsables croient alors que Ben Ali est parvenu à sauver sa tête. L'ambassadeur de France, Pierre Ménat, en poste à Tunis, écrit dans un télégramme au Quai d'Orsay que ce discours peut lui permettre de «reprendre la main».
Cette fois, El Karoui intitule sa note «Mettre en œuvre». En quelques lignes, il dicte des «éléments de langage pour la communication», conseille au président de poursuivre la libéralisation du paysage médiatique et d'«inonder les médias étrangers d'interviews». A ce sujet, le banquier suggère qu'«Image 7 fasse son travail». C'est en effet cette agence de communication parisienne dirigée par Anne Méaux (une intime de Jean-Pierre Raffarin) qui détenait le contrat de l'ATCE, l'Agence tunisienne de communication extérieure, chargée de «vendre» le président tunisien dans les médias étrangers.
El Karoui propose aussi un certain nombre de réformes politiques (changer la loi sur les associations, exfiltrer le porte-parole de la présidence Ben Dhia, annoncer un remaniement, etc.), et propose à Ben Ali de tenir une «conférence de presse en fin de journée».
Le despote a-t-il seulement lu ces conseils, transmis au Palais de Carthage par le couple Mabrouk? Difficile à savoir. En tout cas, il n'aura pas eu l'occasion de les mettre en pratique. Le 14, bravant la peur, des dizaines de milliers de personnes défilent à Tunis, jusqu'au ministère de l'Intérieur. En milieu d'après-midi, Ben Ali annonce le limogeage de son gouvernement et la tenue d'élections législatives anticipées. Trois quarts d'heure plus tard, l'état d'urgence est déclaré. Dans la soirée, le Premier ministre annonce la fuite de Ben Ali…
Aujourd'hui, Hakim El Karoui qui dit avoir «détesté» le régime de Tunis se défend: «C'est facile d'être lucide rétrospectivement, dit-il. Personne ne pensait alors que le changement serait aussi rapide. A ce moment là, j'étais à la fois dans l'angoisse du chaos, de la violence, à commencer par celle de Ben Ali, mais aussi dans l'espoir que les choses changent enfin. Je me suis dis, peut-être naïvement, qu'il y avait un très grand danger pour le pays. Mais je ne laisserai personne dire que j'ai soutenu Ben Ali. Si c'est un soutien, alors c'est un soutien au pays».
Quelques jours après la destitution de Ben Ali, Hakim El Karoui prenait l'avion pour Tunis pour conseiller le chef du gouvernement de transition, Mohamed Ghannouchi, Premier ministre de Ben Ali depuis 1999.


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