Notre confrère Rue89 informe que l'ex-plume de Raffarin, soutien de Ségolène Royal en 2007, créateur du Club XXIe siècle, intello inspiré, banquier chez Rothschild et « réseauteur » de haut vol, est au cœur d'une réplique parisienne de la révolution tunisienne, critiqué pour des conseils adressés à Ben Ali, il a été conduit à la démission de la présidence de l'Institut des cultures d'islam. Ce vendredi, Hakim El Karoui aurait dû être à Marrakech, pour le forum des Young Mediterranean Leaders, un club de « décideurs » qu'il a fondé. Mais la réunion a été annulée. Motif invoqué : « l'instabilité » qui règne dans la région. Surtout, Hakim El Karoui avait quelques problèmes à régler. Une pétition réclamait sa démission de la présidence de l'Institut des cultures d'islam (ICI), établissement culturel de la ville de Paris qui doit aussi, à terme, accueillir des lieux de culte dans le XVIIIe arrondissement. Du coup, Hakim El Karoui avait convoqué ce vendredi soir un « conseil d'administration extraordinaire ». L'intitulé de l'ordre du jour (« point général de situation sur l'avancement du projet ICI ») ne trompait personne : il allait devoir s'expliquer. Aux cris de « El Karoui dégage ! », des manifestants avaient prévu de se rassembler au même moment à la Goutte-d'Or à l'appel de plusieurs organisations tunisiennes (l'Union pour la Tunisie, le Front de Libération Populaire de la Tunisie, le Mouvement des Jeunes Tunisiens). Pour elles : Elles reprochaient à Hakim El Karoui deux notes adressées au « Père de la nation », « Son Excellence » Ben Ali « en pleine répression du soulèvement démocratique en Tunisie » – que Mediapart a rendues publiques. La première, datée du 12 janvier, proposait à Ben Ali de « sanctionner les responsables qui ont mal fait leur travail » et d'envoyer « un message de compassion aux familles des victimes ». Deux jours plus tard, le banquier prodiguait de nouveaux conseils de sortie de crise. A quelques heures de la fuite de Ben Ali. Au cours de la semaine, Hakim El Karoui avait confié à des amis qu'il était « sûr et certain » du « soutien total » de Bertrand Delanoë. Selon un administrateur de l'ICI : A Rue89, Hakim El Karoui avait assuré vendredi matin être habité par « la volonté de [s]‘expliquer simplement et sans détours en dehors de jeux politiques qui [le] dépassent ». Il avait commencé à le faire, jeudi 3 mars, dans une lettre adressée aux membres du conseil d'administration de l'ICI. Dans ce courrier, que Rue89 s'est procuré, il racontait que Marwan Mabrouk, un des gendres de Ben Ali, lui a demandé des idées pour « faire baisser la violence et d'organiser une transition pacifique vers la démocratie ». Il écrivait : Ses arguments ont-ils porté ? En partie, seulement. Au cours du conseil d'administration extraordinaire, ce vendredi soir, qui semblait, selon plusieurs participants, écrit comme une pièce de théâtre, Daniel Vaillant, le maire PS du XVIIIe arrondissement, a sollicité un vote de confiance en faveur de Hakim El Karoui. La confiance a été votée, mais pas à l'unanimité (7 pour, 3 contre, 3 abstentions). C'est alors que le président de l'ICI a annoncé sa démission. Au même moment, au pied de la mairie d'arrondissement, une cinquantaine de personnes étaient rassemblées derrière une banderole “Ben Ali assassin, Karoui collabo, Delanoë complice". Au-dessus d'elles flottait un drapeau tunisien.