On peut tout dire sauf qu'il a menti. Sincère dans ses menaces, conséquent avec lui-même, avec sa culture Gueddafienne et avec son éducation. Il a hérité du « Chef » l'amour du pouvoir au détriment du peuple et son mépris. « Seif El Jahl » a été clair, net et sincère quand il dit tout haut que « le combat se poursuivra jusqu'à la dernière goutte de sang ». Nul doute qu'il parle du sang de sa milice et de son peuple. Le sien sera sécurisé. Ceux qui ont suivi la déclaration arrogante et outrancière de celui qu'on fait passer d'homme de débat et de modéré, ont été amèrement outragés et profondément déstabilisés. D'autant que la folie meurtrière des Gueddafi dépasse tout entendement. Si en Tunisie et en Egypte on a très mal accueilli la participation d'une milice qui a semé le chaos et l'anarchie, en Libye, le pouvoir en place a eu recours au service des mercenaires et des avions militaires. A Ben-Ghazi, à Bidha, à Tripoli et ailleurs, le nombre de martyrs a dépassé les cinq cents.
Des scènes effroyables de cadavres qui jonchent le sol alors que les coups de feu venant du ciel et de la terre crépitent sans répit. « Seif El Gueddafi » peut se réjouir, voir s'orgueiller d'exécuter ses promesses et de s'engager dans la voie qu'il s'est tracée. Le discours qu'il a prononcé, nous a aussi montré un personnage qui n'a pas tiré la leçon de l'histoire, qui est en déphasage avec son époque et avec ses concitoyens, un discours prononcé sur un ton cynique qui ouvre la voie à la Somalisation de la Libye. Un discours complexe. Une forte menace à ses concitoyens et un message non moins méprisant à l'adresse de l'opinion internationale. Alors que les Libyens ont affiché une fin de non recevoir contenu du message et ont relevé les défis, l'Europe a réagi avec timidité en demandant « aux parties en présence de faire preuve de sagesse ». Ce discours qui donne une idée des intentions réelles de la confrérie des Gueddafi, augure de lendemains sombres. Le père a suivi l'exemple de l'héritier présumé. Dans son discours interminable et belliqueux, l'auteur du livre vert qui vient d'être blasphémé par les révoltes, n'a ajouté au premier discours que quelques touches personnelles de narcissisme, de haine du peuple et de sophisme. Fiers et dignes, les fils de Omar Mokhtar ont affronté la terreur avec beaucoup de courage et de détermination. Ils ont brisé le mur du silence, de la peur et de l'esclavage. L'armée, bien que sévèrement contrôlée par Seif El Gueddafi, a vu un nombre important des siens, passer du côté des révoltés. Des aviateurs ont désobéi aux ordres de leurs supérieurs, refusé de tirer sur leurs concitoyens et se sont refugiés dans des pays voisins. Des diplomates libyens ont dénoncé le massacre et préféré quitter leurs postes en signe de rupture avec le pouvoir en place qui entre dans la phase la plus désastreuse de son histoire. Le donneur de leçons doit-il enfin juger opportun de mettre fini à sa folie meurtrière ? Une folie qui est en train de souiller davantage l'image terne de la Confrérie des Gueddafi qui ne résiste que grâce à l'argent du pétrole avec lequel il finance ses mercenaires.