On était peu nombreux à y croire mais tous on ne faisait que l'espérer On a toujours gardé espoir et on s'est engagés sur le droit chemin de la dignité C'était un rêve puis un devoir puis le rêve se transforma en réalité Le peuple est sorti de son silence pour réclamer tout haut la liberté Il s'est uni pour la gloire et d'un seul élan il s'est révolté Contre la tyrannie, la dictature et les incivilités Contre la corruption, le gangstérisme et la médiocrité Contre la présidence à vie, le parti unique, et le culte de la personnalité Contre l'exclusion, la pauvreté, l'indigence et les disparités Le couronnement a été une victoire d'un peuple qui n'a de force que sa volonté
Et pour commencer par le commencement, racontons les choses dès le départ Du jour où il nous a annoncé le changement, au jour où il a fui le pays le fuyard Pensant pouvoir y retourner mais à jamais le peuple l'a chassé du territoire C'était il y a vingt- quatre ans, un samedi, un sept novembre, tôt le matin et non le soir Le général nous a promis démocratie, liberté et alternance au pouvoir Tellement contents on était, tellement enivrés que certains ne purent le croire Démocratie, liberté, droits ! Ce serait pour la Tunisie une première dans son histoire
Mais la liberté d'expression n'était que répression et censure Le droit à la différence n'était qu'oppression et torture L'Etat de droit et des institutions n'était que mensonge et pourriture Les droits de l'homme n'étaient qu'un texte sans texture
Le régime du sauvetage n'était qu'un régime de sauvages La gouvernance n'était que corruption et pillage Le progrès social n'était que misère et chômage La justice n'était qu'injustice et brigandage
Le peuple en a marre de cette politique de ravage Où prévalent médiocratie, unilatéralité et servage Le peuple s'est armé de foi, de cohésion et de courage Consentant des victimes, beaucoup de victimes au passage Surtout des martyrs auxquels est rendu un vibrant hommage Pour crier d'une seule voix et lui dire : dégage