Une question s'imposait: qu'attendre de ce magistrat converti en grand flic? Les approches des deux corps étant à l'opposée l'une de l'autre. Pour le premier, tout suspect est innocent jusqu'à preuve du contraire. Pour le second, tout suspect est coupable jusqu'à preuve du contraire. Tout au long des soixante jours pendant lesquels il a dirigé la «grande maison» de l'Avenue Bourguiba, on a enregistré des décisions et des mesures qui dénotent d'une faible maitrise des dossiers, d'appréciation des personnes et des postes à pourvoir. Aujourd'hui, sans préjuger du fondement de sa déclaration, nous ne pouvons que nous inquiéter et nous étonner du timing et de l'objectif d'une telle initiative. Il est difficile de croire qu'un homme ayant un profil aussi performant se soit aventuré sur un terrain aussi risqué. Prêter, en public, des intentions de nature à troubler l'ordre public, semer la suspicion, discréditer un corps qui a toujours été à la hauteur de ses nobles responsabilités et éveiller des velléités qui menacent une sécurité fragile, voilà qui ne favorise point une transition souhaitée. Quel gâchis et quel manque de retenue condamnable? Ne vivons-nous pas des heures qui «condamnent» à plus de hauteur? L'homme est loin de pouvoir être celui du consensus, rassembleur et fédérateur.