Le Premier Ministre Beji Caid Essebsi s'est adressé à la presse ce matin au palais du gouvernement à la Kasbah durant près d'une heure, et a fait de la sécurité le thème principal de son discours. Avec le regain de violence constaté dans plusieurs régions du pays ces derniers jours (dans les villes de Metlaoui, Douz, Jebeniana, Sbeitla) parallèle à l'absence ou la faible présence des forces de sûreté nationale dans certaines régions de l'intérieur, des décisions s'imposent. Elles ont été évoquées par le Premier Ministre sans que l'on sache précisément de quelle nature elles sont, et avec quelle fermeté elles seront appliquées. D'autant plus que les chiffres communiqués au mois de juillet par les représentants du gouvernement faisant partie de la cellule de communication sont alarmants, et montrent bien une corrélation quasi-mathématique entre les sit-ins, grèves et autres mouvements de protestation et la chute du PIB. A plusieurs reprises, M.Beji Caid Essebsi avait exprimé son opposition aux actions pénalisant l'économie, et les prochaines semaines, le gouvernement aura une mission difficile face à un peuple qui ne se tait plus. Devoir discerner entre vraies protestations et fausses menaces, entre revendications légitimes et chantage, entre liberté d'expression et abus verbaux, exigera des autorités une grande vigilance. Au sujet du référendum auquel ont appelé dernièrement plusieurs parties, il ne relève pas seulement des prérogatives du gouvernement de transition d'après le Premier Ministre. Pour éventuellement l'organiser, il faudrait une concertation entre le président de la République par intérim, les partis politique, la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution. Mais a-t'on demandé son avis au peuple tunisien ? Ironie du sort, il faudrait organiser un référendum "sur le référendum", pour connaître la volonté du peuple. Pour ce qui est de la sécurité du pays, le Premier Ministre a annoncé l'arrêt de toute activité syndicale des forces de sécurité au vu des dangers qu'elle représente pour le pays. Le communiqué publié par l'Union des syndicats des forces de sécurité a été lu par M.Caid Essebsi, qui a qualifié certains membres syndicaux, largement minoritaires d'après le chef du gouvernement, de primates. Ce qui ne risque pas d'apaiser leur colère, alors qu'un sit-in se déroule devant la municipalité de Tunis, à quelques mètres de la Kasbah. L'état d'urgence imposant une restriction des libertés fondamentales et de la liberté de la presse, il n'est pas exclu que ses dispositions juridiques commencent à être appliquées à la lettre face à un mouvement totalement et fermement désapprouvé par le gouvernement de transition.