Depuis son introduction en Tunisie, il y a près de deux décennies et demie, le leasing n'a cessé d'assurer une contribution de plus en plus signifiante au financement des entreprises et de l'économie en général. Une preuve qui consolide ce constat a été d'ailleurs apportée, pas plus que quelques semaines auparavant, par les résultats de l'enquête menée par le Centre des jeunes dirigeants de l'Utica sur le climat des affaires en Tunisie. En effet, parmi les résultats les plus attrayants de cette enquête, les opérateurs du leasing à Sfax ont occupé le 2e rang dans « le best of » des acteurs de l'environnement des affaires en Tunisie. Une donnée fort significative et certainement positive pour l'ensemble de ces opérateurs, notamment vu le poids économique de la Capitale du Sud, et le fait que ladite enquête ait également révélé que la même région présente le meilleur climat des affaires sur le plan national. Tout ce qui précède prouve déjà qu'une étude entièrement consacrée au secteur du leasing en Tunisie, ne peut être que très bien accueillie. L'honneur était à l'intermédiaire en bourse tunisien « MAC sa » qui vient, récemment, de rendre publique une étude intitulée « Etude du secteur de leasing en Tunisie », élaborée par l'analyste financier Ibrahim Chérif. Cette étude a fourni des indicateurs importants sur le fonctionnement du secteur. Ainsi, il en découle que le montant total des mises en force a augmenté de 38% sur la période 2006-2007, et ce, en passant de 530,2 à 729,6 millions de dinars. Selon l'étude, « cette hausse est la plus galopante sur les cinq dernières années », et les experts du secteur indiquent que « cette performance reste exceptionnelle et est liée à l'anticipation de la part des clients des retombées de la nouvelle loi relative aux sociétés de leasing (Loi de finance 2008) » qui prévoit la comptabilisation des biens loués dans l'actif des sociétés. S'agissant de la répartition des parts de marché en fonction des 11 opérateurs tunisiens (dont 10 sont opérationnels), l'étude a révélé que Tunisie Leasingdemeure un « leader incontesté », accaparant près de 26% du total des mises en force soit 186,6 millions de dinars, en progression de l'ordre de 36% en 2006. Juste derrière, CILvient en deuxième position, avec une part de marché de 18,3%. Les mises en force de cette société ont augmenté en 2007 à un rythme plus élevé que celui du marché (+46%, contre +38% pour l'ensemble du secteur), « tiré par l'augmentation du financement de l'immobilier, des véhicules légers destinés aux sociétés de location de voitures et des véhicules de transport lourd ». Une part de marché de 15,7%, soit un total de mises en force de 114,7 millions de dinars, a conféré la troisième position à ATL.
En dehors du trio du podium, Hannibal Leasea continué, en 2007, sa dynamique de développement « en mettant l'accent sur le financement des véhicules légers ». La société a été ainsi classée quatrième, avec une part de marché de l'ordre de 8,8%. Quant sociétés UTL et Best Lease, elles ont été classées respectivement en cinquième et sixième positions. Wifack Leasing, pour sa part, détient une part de marché estimée à 5,6%. Les mises en force de la société Modern Leaseont, elles-aussi, connu une hausse de 18%, « portées principalement par le financement des véhicules légers (+62% en 2007) et l'augmentation de financement de l'immobilier (12% des mises en force) ». UBCI Leasinga, à son tour, enregistré des mises en forces en croissance de 27% en 2007, « soit un rythme de croissance plus modéré que celui du secteur (+38%) ». Cependant, « la part de marché de la société Attijari Leasingdemeure faible à seulement 3,8%, lésée par l'arrêt de l'activité pour une période de six mois ».
A propos des encours, leur montant total a connu, dans l'ensemble, en 2007, une augmentation de 22% (1 084,9 contre 885,7 millions de dinars en 2006). Toujours selon la même étude, Tunisie Leasinga été la société la plus engagée sur ce plan, avec une part de marché de 25,8%. Elle est suivie par « les deux autres cylindrées du secteur », à savoir CILet ATL,et ce, avec des parts respectives de l'ordre de 17,7% et 15,6%. Quant à Hannibal Lease, ellea été encore classée en quatrième place, avec une part de marché de 7,9%.
Le problème de la gestion de risque n'a pas échappé à l'étude. En effet, les sociétés de leasing se sont pliées à la réglementation en vigueur « en se penchant durant les trois dernières années sur l'amélioration de la qualité de leur actif », et ce, conformément aux recommandations de la Banque Centrale de Tunisie. Le taux des créances classées s'est ainsi sensiblement amélioré, en 2007, se situant au niveau de 13,7%, et ce, contre 23,4% en 2006, 26,1% en 2005 et 24,9% en 2004. A cet égard, rappelons que la BCT appelle les établissements financiers à adopter, dans le délai d'une année, les standards internationaux en matière de gestion de risque, c'est-à-dire un taux de créances classées de 10% et un taux de couverture de l'ordre de 70%.
D'autre part, l'étude a projété un regard comparatif des 5 sociétés cotés en bourse, à savoir Tunisie Leasing, Compagnie Internationale de Leasing, arabe de Tunisie Leasing, Attijari Leasing et Wifack Leasing. Au niveau des bilans consolidés, le total des actifs des sociétés de leasing est passé, dans l'ensemble, de 745,1 à 875,31 millions de dinars, sur la période 2006-2007, soit donc une croissance de 17,5%. « Cette augmentation est imputée principalement à la hausse du montant des immobilisations destinées à la location qui a augmenté de 130 millions de dinars ». Ces sociétés ont, par ailleurs, pris l'initiative de consolider leurs ressources « via le renforcement des fonds propres, l'émission de nouveaux emprunts obligataires et le recours à l'endettement bancaire ». En 2007, trois sociétés ont émis des emprunts obligataires pour un montant total de 95 millions de dinars, répartis comme suit: ATL (30 millions de dinars), Tunisie Leasing (50 millions de dinars) et CIL (15 millions de dinars). En 2008, il y a eu, encore selon l'étude, émission de nouveaux emprunts obligataires dont l'enveloppe s'est élevée à 90 millions de dinars.
Au niveau de la rentabilité, le total des résultats nets des mêmes sociétés cotées en bourse a enregistré une nette hausse, au cours de la période 2006-2007, passant du rouge au vert, c'est-à-dire d'un déficit de 1,58 millions de dinars à un gain de 14,62 millions de dinars. « Cette performance est tirée par l'amélioration de la situation financière de la société Attijari Leasing et de l'accélération de l'activité des autres sociétés de leasing ». L'étude précise également que « l'année 2007 s'est affichée positive contrairement à celle de 2006 qui a été ponctuée par la mauvaise tenue de la société Attijari leasing victime de manœuvres dolosives ».
L'étude a pris aussi le soin de donner un bref aperçu sur la capitalisation boursière des sociétés de leasing en date du 01 Décembre 2008. Celle-ci s'élevait à 251,06 millions de dinars, soit 3% de la capitalisation boursière de l'ensemble du marché. Cette valorisation boursière demeure nettement faible et les sociétés de leasing sont considérées comme « des petites capitalisations en comparaison avec les valeurs bancaires ».
En revanche, l'étude a souligné que la liquidité des titres des sociétés de leasing s'est considérablement améliorée au cours des onze premiers mois de 2008. « Cette amélioration est due principalement à la bonne tenue des valeurs de leasing favorisée à son tour par les bonnes performances financières des sociétés ».
Enfin, le succès historique de l'activité du leasing en Tunisie ne doit, en aucune manière, faire perdre de vue les défis futurs et les difficultés actuelles du secteur, telles que « l'étroitesse du marché tunisien, la baisse de la marge nette en raison de la rude concurrence, la liquidité serrée et la forte dépendance à l'égard de l'évolution de la conjoncture économique ». En guise de conclusion, l'étude appelle, d'ailleurs, à une analyse encore plus approfondie de l'environnement externe et interne du leasing en Tunisie. La bonne nouvelle, cependant, est que le degré d'engagement des opérateurs demeure faible ou même inexistant avec des contreparties opérant dans des secteurs qui seront probablement touchés par les effets de la crise financière mondiale, « à savoir le secteur du textile, des pièces de rechange automobiles et bien évidemment le secteur du tourisme ».