Les tensions migratoires entre Paris et Alger s'invitent au cœur du débat politique français, sur fond de lutte pour la présidence du parti Les Républicains (LR). Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a déploré jeudi l'absence de « rapport de force suffisamment prégnant » entre la France et l'Algérie concernant la reconduite de ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Invité sur le plateau de LCI, Retailleau a ciblé le manque d'efficacité dans la réadmission des Algériens visés par une OQTF, un dossier récurrent qui continue d'alimenter les crispations diplomatiques. « Moi, je veux que les OQTF, on les renvoie dans leur pays d'origine. Ça ne marche pas bien avec l'Algérie », a-t-il déclaré, regrettant une posture trop conciliante de la France et évoquant « d'autres mesures à prendre », sans en préciser la nature. Des relations franco-algériennes encore fragiles Le traitement des OQTF, en particulier pour les ressortissants algériens, reste un point de tension majeur entre les deux pays. La France accuse régulièrement Alger de refuser ou de retarder la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires au renvoi effectif des personnes concernées. Ces blocages sont dénoncés par la droite française comme des signes de faiblesse dans les relations bilatérales. La situation prend un relief particulier alors que l'agenda politique à droite se tend : la bataille pour la présidence du parti LR se joue aussi sur la fermeté affichée en matière migratoire. Une recomposition de la droite en marche Dans la perspective d'un futur leadership à droite, Wauquiez, adversaire politique au sein du LR, a appelé à un rassemblement large, allant « de Gérald Darmanin à Sarah Knafo », figure montante du parti Reconquête, tout en excluant fermement le Rassemblement national, dont il juge l'économie « d'extrême gauche ». Retailleau, pour sa part, tente de se maintenir dans un équilibre entre ligne classique et fermeté sécuritaire, tout en conservant son rôle gouvernemental. La question migratoire, et particulièrement la gestion des OQTF, devient ainsi le marqueur idéologique central de ce duel interne. Une course interne à LR qui prépare 2027 Même avant l'issue du vote prévu ce dimanche pour la présidence du parti, Wauquiez a déjà annoncé un « match retour » en vue de la présidentielle. Dans un entretien accordé au Figaro, il a déclaré : « Dans un an, nous choisirons le meilleur : si c'est Bruno Retailleau, je lui apporterai tout mon soutien ; si c'est moi, nous le ferons en équipe. » Ce duel, bien que cantonné aux instances internes de LR, préfigure une bataille plus vaste autour de l'électorat de droite, sur fond de concurrence idéologique avec le RN et Reconquête. Ainsi, entre critiques envers l'Algérie, promesses de fermeté sur l'immigration et modèles empruntés à l'Italie post-fasciste, la droite française cherche son cap et son chef. Dans cette surenchère sécuritaire, les OQTF deviennent plus qu'un simple dossier administratif : un symbole électoral et diplomatique, au cœur des rivalités internes et des stratégies présidentielles à peine voilées. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!