Il ne sait plus quoi inventer pour rattraper le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui à son tour court derrière le Rassemblement national (RN, extrême droite) et les scores qu'on lui prédit pour la présidentielle de 2027. Laurent Wauquiez, le chef des députés de la droite (Les Républicains, LR), ronge son frein depuis un paquet d'années en rêvant du fauteuil du président Emmanuel Macron. Et il est prêt à tous les coups d'éclat pour briller… Après sa proposition surréaliste sur l'enfermement des OQTF (obligation de quitter le territoire) à Saint-Pierre-et-Miquelon en cas de refus d'obtempérer, il "récidive" en s'attaquant à une université, comme le fait le président américain. «En ce moment, je suis en lutte à l'Université Lyon-2 pour faire reculer l'islamo-gauchisme», a annoncé Wauquiez ce mercredi 7 mai sur CNews-Europe1. «Toutes les aides» accordées à l'établissement par la région Auvergne-Rhône-Alpes seront sabrées. «Avec le président de la région nous avons décidé de supprimer de toutes les aides de la région de cette université tant qu'il n'y aura pas la lumière qui sera faite sur leur dérive», a ajouté le député de la Haute-Loire et «conseiller spécial» au Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes. Il dit «se battre» pour «imposer une mission d'inspection indépendante» afin de «braquer les projecteurs sur la dérive islamogauchiste de cette université»… Il dit qu'il gèle les subventions le temps que la «lumière» soit faite – une petite présomption d'innocence – et en même temps il veut «braquer les projecteurs sur la ». Une petite contradiction, non ? Elle exhale un parfum de condamnation préméditée. Le président de la région, Fabrice Pannekoucke, a confirmé sur X la suspension des fonds… Lui aussi brandit des «dérives inacceptables en cédant aux pressions de l'extrême gauche universitaire». Il fait allusion à l'agitation du 1er avril dernier à l'Université Lyon-2, quand des individus encagoulés avaient envahi le cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l'Irak et de la Syrie. L'enseignant a été chahuté par ces militants, qui l'ont qualifié de «raciste» et «sioniste». Il avait fini par quitter la salle. L'intrusion a été dénoncée unanimement et le Parquet, alerté par l'université, a diligenté une enquête pour «entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant». Fabrice Balanche a copieusement médiatisé l'affaire en fustigeant «l'islamo-gauchisme» qui sévit, selon lui, à Lyon-2. Il a pointé le manque de réactivé et de soutien de la direction… Le dossier s'est épaissi lundi dernier, le Parquet a été saisi pour un discours pro-Hezbollah libanais, des propos qu'auraient tenus le vice-président Willy Beauvallet-Haddad. Une enquête pour «apologie du terrorisme» a été enclenchée ce mercredi. Beauvallet-Haddad a lâché son poste pour «faire baisser la pression», il a oublié le pouvoir d'attraction de ces sujets pour les politiciens. A noter qu'en entre 2022 et 2024, la région Auvergne-Rhône-Alpes, pilotée par Wauquiez, avait confisqué les subventions de Sciences Po Grenoble pour le même motif. Le candidat à la présidence LR aimerait bien rééditer la frappe avec l'Université Lyon-2. Il pense sans doute que ça peut payer dans la reconquête de son parti, dont il a dû quitter la direction en 2019 (élu en 2017) suite au mauvais score aux élections européennes… Mais voilà, sur la route de l'Elysée il y a le ministre le plus populaire (selon les sondages) et qui presque quotidiennement occupe l'espace médiatique par une annonce, une décision, etc. Bon, c'est souvent à l'emporte-pièce, faible sur le plan argumentatif mais ça suffit au bonheur de ses partisans et des médias, surtout la chaîne la plus à droite du pays, CNews. Il n'est pas facile d'exister face à la tornade Retailleau… Alors Wauquiez multiplie les trouvailles, mêmes les plus ineptes, pour se raccrocher au wagon du Premier flic de France. Ce duel fratricide n'était pas censé se produire, un accord tacite avait organisé les choses : le patron des sénateurs de droite au gouvernement et Wauquiez brigue l'Elysée. Mais voilà, grisé par les lumières de la Place Beauvau Retailleau s'est dit pourquoi pas rafler toute la mise. Le vote pour la présidence LR est prévu ce 17 mai, d'ici-là les "islamogauchistes", les Algériens et les OQTF en verront de toutes les couleurs. Et même si le président des députés de la droite est écrasé lors du scrutin, ce que prédisent tous les sondages et le manque de soutien des ténors du parti, il continuera de glisser des peaux de banane sur le chemin de Retailleau vers 2027.
Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!