De toute évidence l'ex-chef de guerre djihadiste perd pied, perd la main sur la direction des affaires du pays. Le dernier bilan – provisoire – des violences qui endeuillent le sud de la Syrie fait état de 248 morts, d'après l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme). Le énième carnage depuis la chute de Bachar al-Assad. On ne peut pas dire que le président Ahmed al-Charaa tient fermement les rênes du pays... Un carnage après l'autre et aucun coupable dans l'armée Les combats se poursuivaient encore ce mercredi 16 juillet dans la ville de Soueïda, jusque-là administrée par des combattants druzes locaux. Ils font face aux Bédouins, un face-à-face sanglant. Les troupes du régime, à dominante islamiste, et leurs alliés ont débarqué dans la région hier mardi avec la ferme intention de prendre le contrôle de la zone. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes les ont accusés d'exactions massives, surtout des exécutions sommaires de civils et des pillages. Exactement comme l'armée et ses supplétifs l'avaient fait dans l'Ouest du pays en mars dernier, avec là aussi plus de 700 décès. Le gouvernement avait promis une enquête sans concession et des punitions sévères contre les auteurs de meurtres de masse, rien n'a bougé. Ce n'est pas ainsi que le président al-Charaa regagnera la confiance de tous ses concitoyens et celle de la communauté internationale. D'après l'ONG les forces gouvernementales ont pris fait et cause pour les tribus bédouines, contre les Druzes. Ce qui automatiquement convoque dans le conflit le protecteur autoproclamé de ces derniers, Israël. La majorité des morts sont des combattants des deux camps, 28 civils druzes ont été tués dont « 21 exécutés sommairement« , des crimes signés par des membres des forces gouvernementales, affirme l'OSDH. Suffisant pour que Tsahal s'en mêle, il reconnait avoir bombardé l'entrée du ministère syrien de la Défense, à Damas, ce mercredi. Israël ne pardonne rien aux dirigeants islamistes du pays. Officiellement Tel-Aviv agit pour protéger la minorité druze contre la tentation génocidaire du gouvernement syrien, en faisant mine d'oublier ce que Benjamin Netanyahu fait quotidiennement à Gaza depuis le 8 octobre 2023. Netanyahu ne se contentera pas du Golan… Israël s'en est pris au quartier général de l'armée syrienne après avoir brandi la menace d'intensifier ses attaques contre les forces gouvernementales si elles ne sortaient pas de la ville à majorité druze, après 3 jours de violences. L'Etat hébreu a clamé qu'il ne permettrait aucun déploiement militaire dans le sud de la Syrie, aux abords de leur frontière commune... L'armée israélienne « augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris« , a dit le ministre de la Défense, Israël Katz. Il exige du pouvoir syrien qu'il « laisse tranquilles » les Druzes de Soueïda. « Israël n'abandonnera pas les Druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation » dans le sud du pays, une posture annoncée dès le départ d'al-Assad en décembre dernier. Donc on sait à qui profite la fuite du dictateur. L'armée israélienne a annoncé qu'elle augmentera ses troupes à la frontière syrienne et dit avoir repéré des « dizaines de suspects » qui essayaient de traverser la frontière depuis la Syrie. Inutile de demander le sort de ces personnes. De son côté le ministère syrien de la Défense affirme que « des groupes hors-la-loi ont recommencé à attaquer les forces de l'armée et de la sécurité intérieure dans la ville« , après la proclamation du cessez-le-feu. « L'armée continue de répondre aux sources de tirs dans la ville« , a indiqué le ministère, cité par l'agence officielle Sana. Il invite les habitants à se barricader chez eux. Ce mercredi l'un des chefs religieux druzes les plus puissants, cheikh Hikmat al-Hejri, a émis un appel en direction du président américain Donald Trump, du Premier ministre israélien et de « tous ceux qui ont une influence dans le monde« . « Sauvez Soueïda (...) Notre peuple est exterminé et tué de sang-froid« , dit le message. A noter que les dignitaires religieux druzes ont des avis divergents sur la gestion du conflit, cheikh Hejri est le seul à demander aux combattants de cette minorité de 700 000 personnes de continuer les combats. Il le dit certainement parce qu'il sait que Netanyahu ne laissera jamais tomber la marotte de la protection des Druzes pour garder plus qu'un pied en Syrie.
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