Le ministre des Droits de l'homme et de la Justice transitionnelle Samir Dilou a affirmé, lundi 6 février 2012, que “la décision d'expulser l'ambassadeur syrien est définitive et irrévocable”. “Lorsqu'elle prend des décisions, la Tunisie ne reçoit aucune consigne de quiconque qu'elle soit américaine, européenne ou arabe”, a-t-il précisé. S'exprimant lors d'une conférence de presse tenue lundi au siège du ministère des droits de l'homme M. Dilou a ajouté :”La Tunisie qui a accompli une révolution, suit de près les développements de la situation en Syrie, où des centaines de syriens ont été tués. La situation du régime syrien ne nous intéresse pas”. Concernant les conséquences de la décision tunisienne sur le devenir des Tunisiens, M. Dilou a indiqué que la situation des Tunisiens qui travaillent en Syrie ou qui y sont actuellement emprisonnés ne peut constituer un obstacle pour que l'Etat agisse sur la plan diplomatique. Sur un autre plan, M. Dilou a donné un aperçu des activités du ministère et son programme d'action pour la période à venir, mettant l'accent sur la grande responsabilité qui incombe au ministère, d'autant, a-t-il dit, que les atteintes aux droits humains continuent malgré le changement du paysage politique. Avant la Révolution, le dossier des droits de l'homme était systématiquement dénié ou concernait des cas individuels ou isolés, a-t-il rappelé. M. Dilou a relevé qu'après la Révolution, la situation sécuritaire a eu aussi des conséquences sur ce dossier et les mentalités n'ont pas changé, ce qui commande de revoir les méthodes de formation et d'intervention des parties concernées en coordination avec le ministère de l'Intérieur et la direction pénitentiaire. Il a précisé que les dossiers des droits humains sont traités en coordination avec les ministères de la Justice, de l'Intérieur, des Affaires étrangères et des Finances, ainsi qu'avec les composantes de la société civile. Demander des comptes, rendre des comptes et réaliser la réconciliation sont des étapes nécessaires dans un processus de justice transitionnelle, a expliqué M. Dilou, mettant l'accent sur l'impératif d'entreprendre des mesures urgentes et d'autres ordinaires en ce sens. Ce dossier doit faire l'objet d'une concertation avec les différentes composantes de la société civile, a-t-il dit. Une concertation sera organisée au cours du mois de février pour définir le rôle des différents intervenants avant que l'Assemblée nationale constituante ne procède à la mise en œuvre du cadre juridique relatif à la justice transitionnelle, a encore ajouté M. Dilou. Le ministère des droits de l'homme doit constituer un guichet unique pour tout ce qui à trait aux droits humains et à la justice transitionnelle, a estimé M. Dilou, insistant sur la nécessité d'accélérer l'examen du dossier lié à l'amnistie générale qui fera l'objet d'un conseil ministériel restreint, le but étant d'étudier la question de dédommagement des victimes parmi les civils, les militaires et les élèves. Quelque 8700 certificats d'amnistie ont été délivrés à des prisonniers, a-t-il indiqué à cet égard. De même, des dédommagements ont été versés à 3652 blessés et 322 familles de martyrs. En ce qui concerne les 13 blessés qui seront soignés à l'étranger, l'Etat du Qatar a pris en charge 8 d'entre eux, alors que les 5 autres blessés seront traités en Allemagne.