Le Maroc et l'Espagne ont d'étranges relations. Madrid est un ami et un partenaire clé de Rabat. Les investissements espagnols montent en puissance au Maroc ; les deux pays co-organiseront (avec le Portugal) la Coupe du monde de football de 2030, avec son lot de méga projets conjoints ; ce sont les eurodéputés espagnols qui ont défendu bec et ongles le royaume chérifien au Parlement européen quand il a été pointé pour les droits humains ou l'espionnage de dirigeants dont le président français, etc. Mais voilà, le Maroc, très souvent, se met en travers du chemin de l'Espagne. Les deux pays, qui partagent la même aire géographique, sont souvent en compétition pour les enjeux géostratégiques. Par exemple c'est au Maroc qu'un général américain a pensé pour relocaliser les 2 bases militaires logées en Espagne, au motif que le Premier ministre Pedro Sanchez refuse de payer plus pour sa défense. Et là Rabat se met en tête de consolider ses liens avec Washington en achetant les fameux chasseurs furtifs F-35, l'avion de combat le plus en vue dans le monde. L'Espagne ne voit pas ça d'un bon oeil. C'est le site Aviaciondigital qui a ébruité l'angoisse dans les milieux militaires et politiques espagnols face à l'éventualité d'une profonde reconfiguration des forces en Méditerranée occidentale. Tant que Rabat s'en tenait à la dernière génération des F-16 américains pour moderniser son armée de l'air Madrid pouvait regarder ailleurs, mais là il s'agit d'acheter jusqu'à 32 chasseurs F-35. Ce n'est pas rien, ça change toute la donne sécuritaire et militaire dans la région. L'Espagne panique d'autant plus qu'elle a tout misé sur l'Eurofighter Typhoon et le programme européen FCAS, les avions américains c'est fini, au nom de la souveraineté européenne. D'autres pays du vieux continent sont encore tentés par le joug de Donald Trump. Si l'Espagne a tourné le dos aux F-35 ce n'est pas pour les voir entre les mains des Forces armées royales marocaines. Les milieux politiques et militaires espagnols surveillent cette affaire comme du lait sur le feu. Le principal enjeu c'est l'équilibre des forces dans la région. Ici on ne parle pas seulement de supériorité technologique, avec les propriétés de furtivité et les systèmes de combat intégrés du F-35, on parle surtout de mutations géopolitiques majeures, face aux futures forces aériennes européennes. Mais d'après le journal espagnol d'autres voix militent pour l'apaisement avec le Maroc, en misant sur la sécurité régionale que pourrait renforcer l'acquisition des avions américains. Il y a un autre acteur clé dont la presse espagnole ne parle pas et pourtant… : l'Algérie. Le voisin du Maroc affiche les dépenses militaires les plus élevées en Afrique. Et il se trouve qu'Alger a d'excellentes relations avec les USA, d'ailleurs l'administration Trump lui a réservé le tout premier Accord de défense en Afrique. Il est évident que si le marché des F-35 est scellé entre Rabat et Washington l'Algérie ne restera pas dans son coin. Donc ce dossier est à suivre de très près.
Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!