Une ébauche de solution pour mettre fin à la guerre à Gaza circule depuis vendredi, après des déclarations du président américain Donald Trump et des révélations rapportées par les médias israéliens. Selon la chaîne publique israélienne « Kan », la Maison-Blanche aurait mis au point un plan dont les contours commencent à être discutés avec Tel-Aviv et plusieurs pays arabes. Washington affirme pour sa part qu'un accord « rapproché » est possible ; dans le même temps, des voix inquiètes jugent la démarche fragile. « Il semble que nous soyons sur le point de conclure un accord concernant Gaza », a déclaré Donald Trump ce vendredi, ajoutant qu'il s'agirait d'un texte « qui rendra les otages et mettra fin à la guerre ». Aucun détail opérationnel supplémentaire n'a été fourni par le président. Les points-clefs du plan, selon « Kan » La chaîne israélienne a publié ce qu'elle présente comme les principaux points du plan américain. Parmi les mesures citées figurent : la libération rapide de tous les otages ; un cessez-le-feu permanent et la fin de la guerre ; un retrait israélien progressif du territoire de la bande de Gaza ; la fin du pouvoir de Hamas dans l'enclave et le démantèlement de ses capacités militaires ; une offre d'amnistie aux dirigeants du Hamas à condition qu'ils quittent Gaza ; le déploiement d'une force de sécurité issue de pays arabes ; un rôle civil limité confié à l'Autorité palestinienne dans la gestion quotidienne de Gaza ; une garantie américaine qu'Israël n'annexera pas des pans de la Cisjordanie occupée ; la création d'un fonds mondial conjoint, porté par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis, pour financer la large reconstruction des infrastructures de Gaza. La chaîne 13, elle aussi, affirme que l'administration américaine a « changé de cap » et « perdu patience » face à la poursuite des hostilités, tandis que la chaîne 12 rapporte que Washington pourrait imposer à Israël un calendrier pour avancer dans la mise en œuvre d'un plan de sortie de crise. Diplomatie et calendrier Un haut responsable de la Maison-Blanche a indiqué à l'agence Reuters que Donald Trump devrait rencontrer Benjamin Netanyahou lundi prochain pour tenter de convenir d'un cadre de travail menant à un accord. Parallèlement, la presse américaine et des sources diplomatiques évoquent l'existence d'une proposition plus large préparée par Washington, comprenant 21 points, déjà communiquée à plusieurs pays de la région. Selon les informations disponibles, cette proposition a été remise mardi dernier à des représentants du Saudiarabie, des Emirats arabes unis, du Qatar, d'Egypte, de Jordanie, de Turquie, d'Indonésie et du Pakistan. À ce stade, le mouvement Hamas n'a, selon les déclarations publiques, pas confirmé avoir reçu de nouvelle offre ni avoir été consulté sur ces textes. Scepticisme et mise en garde palestiniens Le chercheur palestinien Osama Khaled a réagi avec prudence. Dans un message publié sur sa chaîne Telegram, il a rappelé que des propositions similaires ont déjà été avancées dans le passé et que la capacité d'un cessez-le-feu « réel et durable » reste incertaine. Selon lui, l'initiative risque d'échouer car elle s'inscrit, selon lui, dans un cadre qui « bénéficie au désengagement de la responsabilité internationale vis-à-vis des causes profondes du conflit » et s'aligne sur une logique régionale souhaitant « affaiblir » le rôle du Hamas. Plusieurs observateurs rappellent en outre que la pression internationale en faveur d'un règlement politique se heurte aux réalités du terrain : affrontements persistants, fragmentation des acteurs, et conditionnalités exigeantes pour la remise en état des institutions locales. Enjeux majeurs et obstacles pratiques Le plan américain, tel qu'il est décrit, pose des défis considérables. La question du retrait israélien et de la transition de pouvoir soulève d'importantes incertitudes : qui assurerait effectivement la sécurité quotidienne et la gouvernance durant la phase transitoire ? Le déploiement d'une force arabe exige quant à lui des garanties politiques et opérationnelles — mandat, règles d'engagement, durée — qui restent à définir. Enfin, l'offre d'amnistie aux dirigeants du Hamas si ceux-ci quittent Gaza paraît, aux yeux de certains analystes, difficilement applicable en l'absence d'un mécanisme international crédible et vérifiable. La création du fonds mondial de reconstruction représente un volet crucial : la mobilisation de ressources massive et coordonnée (Arabie saoudite, Emirats, Etats-Unis et possiblement d'autres donateurs) serait indispensable pour la reconstruction d'un territoire durablement meurtri. Mais la reconstruction ne saurait remplacer une solution politique qui articule sécurité, gouvernance et droits fondamentaux. Pourquoi la communauté internationale reste prudente Plusieurs facteurs expliquent le scepticisme ambiant. D'une part, l'absence d'un discours univoque des protagonistes sur le terrain et le manque d'engagement public du Hamas rendent aléatoire toute projection optimiste. D'autre part, la complexité des intérêts régionaux — normalisation, rivalités, équilibres géopolitiques — rend la mise en œuvre d'un accord multilatéral délicate. Enfin, la confiance entre les parties, déjà fragilisée par des années de conflit, est difficile à restaurer sans garanties opérationnelles et sans un suivi international robuste. Ainsi, l'annonce d'un cadre de paix « proche » par la Maison-Blanche a ravivé l'espoir d'une sortie de crise. Le plan divulgué par la presse israélienne contient des éléments ambitieux — libération des otages, cessez-le-feu permanent, retrait progressif, fonds de reconstruction — mais aussi des conditions lourdes et des difficultés d'application immédiates. À l'heure où les diplomates s'activent et où une réunion entre Trump et Netanyahou est annoncée, la réalité du terrain et le scepticisme des acteurs palestiniens montrent qu'il reste beaucoup d'obstacles à franchir avant de parler d'un accord durable. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!