Chaker Besbes, journaliste à radio Mosaïque FM, a été condamné à 200 DT d'amende, selon la décision du Tribunal de première instance de Tunis, ce lundi 13 février 2012. Le juge a ordonné également la récupération de la caméra confisquée. Ce journaliste a été interpellé par les forces de police et accusé de filmer illégalement l'audience lors du procès Nessma, le 23 janvier 2012, rappelle-t-on. Tunisienumérique a suivi le procès organisé, ce matin au Tribunal de première instance de Tunis. Trois avocats de la Défense étaient présents avec le prévenu, Me Abdeslem Besbes, Me Haifa Abdlaziz , et Me Oussema Hlal. La présence des journalistes était quasi inexistante et ceux qui sont venus ont déploré l'absence du président du Syndicat des journalistes. De nombreux observateurs se demandent comment se fait-il qu'après la Révolution de la dignité et de la liberté, des journalistes soient accusés lors de l'exercice de leurs fonctions. En ce qui concerne le cas de Chaker Besbes, ils estiment tout abord que le prévenu a été accusé avant de s'assurer s'il a bien utilisé ou non sa caméra dans la salle d'audience. Notons que l'article 62 du nouveau code de la presse interdit formellement la couverture médiatique des audiences sans autorisation préalable du juge alors que l'article 14 de la nouvelle loi réprime pourtant le fait “d'humilier un journaliste ou de lui porter atteinte verbalement, par des gestes, par des agissements ou par des menaces entravant l'exercice de son travail”. « Je n'ai rien filmé au cours de l'audience de 23 janvier 2012. J'ai juste préparé ma caméra pour filmer hors de la salle juste après la fin de l'audience», affirme Cheker Besbes. Un rapport réalisé par l'avocate Haifa Adbelaziz, relate les 28 séquences filmées par le journaliste, dont deux filmées dans la salle du tribunal, une de deux secondes et l'autre 9 secondes. Cette dernière montre 3 avocats en train de discuter et contient une séquence filmant un banc et le sol de la salle. Il en est déduit que le jugement est basé sur cette dernière séquence. Cette situation amène à se poser la question si le nouveau code de la presse permet réellement de protéger le journaliste en lui permettant d'exercer pleinement ses fonctions en toute liberté, ou si c'est juste un code formel?