De Nairobi à Rabat, de Lima à Katmandou, une même colère monte : celle d'une génération qui refuse le silence. En 2024 et 2025, les jeunes du « génération Z » ont secoué la planète par une série d'éruptions sociales inédites, portées par la frustration, le chômage et le sentiment d'injustice. Ces mobilisations, nées souvent sur les réseaux sociaux avant d'occuper les rues, redessinent les contours de la contestation mondiale. De la colère kenyane à la révolte numérique au Népal En Kenya, tout est parti d'un projet de loi fiscale jugé injuste. La jeunesse, mobilisée sur TikTok et X, a mené en 2024 les plus grandes manifestations du pays depuis une décennie. Le mouvement s'est transformé en émeutes, provoquant plusieurs morts et forçant le président William Ruto à retirer son projet de loi après avoir admis son échec. Les scènes de répression policière ont marqué durablement les esprits : des ONG ont recensé de nombreux cas d'usage excessif de la force, tandis que les jeunes promettaient de « ne plus se taire ». À Katmandou, en septembre 2025, c'est la décision du gouvernement de bloquer les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, WhatsApp, YouTube, LinkedIn, X...) qui a mis le feu aux poudres. Les jeunes du « Génération Z népalaise » ont dénoncé une atteinte à la liberté d'expression et un symbole d'un pouvoir déconnecté de la réalité sociale. Le bilan fut lourd : 25 morts et plus de 600 blessés, un Parlement incendié, plusieurs ministres démissionnaires et, finalement, la chute du Premier ministre K. P. Sharma Oli, contraint de quitter son poste. Pérou et Bangladesh : la jeunesse face à la violence d'Etat Au Pérou, le 20 septembre 2025, des milliers de jeunes ont défilé à Lima contre une réforme des retraites jugée injuste. Les affrontements ont fait 18 blessés, dont un journaliste. Le mouvement, alimenté par la colère contre la présidente Dina Boluarte, a ravivé les plaies d'un pays en crise politique permanente. En Bangladesh, la « Révolution du Génération Z » de juillet 2024 s'est transformée en insurrection sanglante : 91 morts en une seule journée, des centaines de blessés, et la chute de la Première ministre Sheikh Hasina, contrainte à l'exil en Inde. À l'origine, les jeunes protestaient contre un système de quotas jugé discriminatoire dans la fonction publique. Maroc et Paraguay : la révolte gagne les rues Au Maroc, le 27 septembre 2025, le mouvement « Génération Z 212 » a embrasé plusieurs villes : Inzegane, Aït Amira, Oujda, Béni Mellal, Tamara… Les jeunes, mobilisés sur Discord, réclamaient la fin de la corruption, une meilleure éducation et davantage d'emplois. Si le mouvement se voulait pacifique, des affrontements ont éclaté, provoquant deux morts et des centaines d'arrestations. Les autorités ont reconnu un usage « de légitime défense » par la gendarmerie, tandis que les manifestants dénonçaient une répression disproportionnée. Plus à l'ouest, au Paraguay, les jeunes ont défilé sous la bannière « Nous sommes 99,9 % », reprenant les codes visuels de la culture numérique, jusqu'à utiliser des symboles issus du manga japonais One Piece. Leurs revendications : transparence, fin du clientélisme et emploi pour les jeunes diplômés. La police a arrêté 30 personnes après des heurts avec 3 000 agents déployés. Une génération globale, connectée et déterminée De l'Afrique à l'Amérique latine, en passant par l'Asie, le Génération Z partage un même ADN : la maîtrise du numérique, le refus du statu quo et le besoin de dignité. Cette jeunesse n'a ni leader unique ni programme idéologique, mais une exigence claire — la justice sociale. Les analystes soulignent une transformation profonde : la protestation n'est plus locale, elle est globale et coordonnée en ligne, portée par une génération qui refuse d'hériter d'un monde miné par la corruption et les inégalités. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!