La crise politique française a franchi un nouveau cap. Sébastien Lecornu a présenté sa démission de Premier ministre lundi 6 octobre 2025, moins d'un mois après sa nomination et à la veille de sa déclaration de politique générale. Il a été chargé d'assurer l'intérim le temps de finaliser un tour de table avec les forces politiques et de rendre ses conclusions à Emmanuel Macron. Mercredi 8 octobre, le chef du gouvernement démissionnaire a indiqué que « la situation permet au président de nommer un Premier ministre dans les prochaines 48 heures ». L'objectif affiché est double : stabiliser l'exécutif et éviter des législatives anticipées, jugées risquées dans l'actuel rapport de forces à l'Assemblée nationale. Pourquoi Lecornu a jeté l'éponge À peine constitué, le cabinet Lecornu a été rattrapé par l'impasse parlementaire et la perspective d'un budget 2025 introuvable sans majorité claire. Les oppositions (de la gauche à l'extrême droite) ont annoncé qu'elles ne voteraient pas la confiance. Dans ce contexte, Matignon a mis en avant la nécessité d'un compromis transpartisan sur la loi de finances et s'est heurté à des lignes rouges contradictoires. Au fil des consultations, une "volonté partagée d'avoir un budget avant fin 2025" s'est dessinée, assortie de concessions potentielles pour rallier une partie de la gauche modérée (socialistes, écologistes) et du centre : * Hypothèse de "suspension" (au minimum) de la réforme des retraites afin de desserrer l'étau politique ; * Ajustements budgétaires pour contenir un déficit supérieur à 5,5 % du PIB, tout en préservant des priorités sociales et climatiques ; * Méthode de gouvernement revue : recherche d'accords texte par texte, ouverture à des propositions des groupes d'opposition sur l'énergie, la santé et le pouvoir d'achat. Les scénarios sur la table à l'Elysée Plusieurs cheminements sont possibles dans les prochaines 48 heures : 1. Nomination d'un nouveau Premier ministre capable de bâtir une majorité d'appoint autour d'un pacte budgétaire minimal ; 2. Gouvernement "technique" ou de mission, recentré sur le vote du budget et quelques textes d'urgence ; 3. En cas d'échec, nouvelle dissolution de l'Assemblée – scénario jugé de moins en moins probable par l'exécutif lui-même au regard des risques politiques. La majorité présidentielle est divisée sur la stratégie à adopter, tandis que les oppositions restent arc-boutées : le Rassemblement national et La France insoumise promettent de s'opposer à tout exécutif adossé au programme d'Emmanuel Macron ; les socialistes et les écologistes réclament des garanties fermes sur les retraites et le pouvoir d'achat avant tout soutien. Les enjeux immédiats * Finances publiques : un accord rapide est nécessaire pour éviter une France sans budget voté, avec le risque d'entrer en gestion contrainte. * Crédibilité européenne : Paris doit rassurer ses partenaires sur la trajectoire de déficit et sur la capacité à mener des réformes consensuelles. * Climat social : la question des retraites demeure inflammable ; un mauvais signal pourrait réactiver la contestation. Ainsi, la démission de Sébastien Lecornu ouvre une courte fenêtre pour recomposer l'exécutif, verrouiller un compromis budgétaire et éviter des élections anticipées. Tout se joue dans les deux prochains jours : le choix du profil à Matignon, l'écriture d'un pacte minimal et la capacité des partis à préférer la stabilité au bras de fer. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!