The liveblog has ended. No liveblog updates yet. La scène internationale a été secouée le 15 novembre 2025 par une vive montée de tension entre le Japon et la Chine, après un message publié par l'ambassade chinoise à Tokyo recommandant à ses ressortissants d'éviter tout voyage au Japon. Pékin dénonce des déclarations « provocatrices » émanant de la nouvelle cheffe du gouvernement japonais, Sanai Takaiichi, qui a affirmé qu'une attaque chinoise contre Taïwan entraînerait une réponse militaire de Tokyo. Une prise de position sans précédent dans la diplomatie nippone contemporaine. La crise s'est envenimée lorsque le consul chinois à Osaka a publié sur les réseaux sociaux un message insultant appelant à « couper la tête de cette sale canne », allusion directe à Takaiichi. Le post a été supprimé rapidement, mais le mal était fait : Tokyo et Pékin ont convoqué mutuellement leurs ambassadeurs, enclenchant un cycle d'escalade diplomatique. Cette flambée survient dans un contexte où l'Asie est déjà traversée par de profondes recompositions géopolitiques, à mesure que la puissance chinoise croît et que les Etats-Unis redéfinissent leur rôle régional depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. Une personnalité symbole du basculement à droite du Japon Sanai Takaiichi, ancienne musicienne et journaliste devenue figure politique majeure, n'est pas une inconnue. Trente ans de mandat parlementaire, une réputation de conservatrice intransigeante, et désormais la première femme à accéder au poste de Première ministre après avoir pris la tête du Parti libéral-démocrate en octobre dernier. Elle a battu dans la primaire interne Shinjirō Koizumi, héritier d'une grande dynastie politique, en réussissant à rallier les factions les plus conservatrices du PLD. Cette victoire marque un triomphe du courant nationaliste et anti-chinois du parti. Dans sa première apparition après sa victoire, Takaiichi a rappelé son style : tailleur bleu nuit, collier de perles blanches, évoquant l'ombre de Margaret Thatcher, une figure qu'elle cite souvent parmi ses modèles politiques. Une ligne dure contre l'immigration et une vision identitaire du Japon La nouvelle Première ministre porte un discours fondé sur le principe « les Japonais d'abord ». Elle défend : * la structure familiale traditionnelle ; * le refus pour les femmes de conserver leur nom après mariage ; * l'opposition au mariage homosexuel ; * des restrictions strictes à l'immigration et à l'accès à la propriété pour les étrangers ; * un contrôle renforcé du tourisme de masse, jugé nuisible à l'identité japonaise. Ces positions résonnent auprès d'une partie de la population, surtout dans un pays confronté à une grave pénurie de main-d'œuvre et à une démographie en chute libre. Le Japon compte aujourd'hui environ 3,7 millions d'étrangers, soit 3 % de sa population, concentrés dans l'industrie, la vente, l'agroalimentaire et la pêche. Mais Takaiichi considère que l'augmentation de cette proportion « crée des tensions » et entend réviser les politiques migratoires, malgré les besoins économiques du pays. Le débat est particulièrement sensible en raison de la montée du racisme anti-coréen et anti-chinois au Japon, où ces communautés subissent depuis des décennies discriminations et agressions. Le poids du passé : mémoires conflictuelles et révisionnisme La question de la mémoire reste centrale dans la politique japonaise. La manière d'interpréter l'ère impérialiste du pays avant et pendant la Seconde Guerre mondiale continue de polariser la société. Takaiichi se distingue par ses positions révisionnistes : * elle estime que le Japon ne doit plus s'excuser pour son passé colonial en Asie ; * elle conteste les déclarations officielles d'excuse, comme celle de 1995 ; * elle visite régulièrement le sanctuaire Yasukuni, qui honore notamment des criminels de guerre. Elle affirme que les dirigeants de l'époque « ont fait ce qu'ils ont pu » et que seule la défaite explique que leurs actions soient jugées sévèrement. Une posture qui alimente les frictions avec la Chine et la Corée du Sud, victimes historiques du militarisme japonais. Une région en mutation : Pékin, Washington et le dilemme stratégique japonais Depuis la fin de la guerre, le Japon s'est doté d'une armée strictement défensive sous la protection américaine. Mais l'équilibre a changé. Dans les années 1990, la Chine pesait environ 1 000 milliards de dollars de PIB contre plus de 5 000 milliards pour le Japon. Trente ans plus tard, Pékin dépasse 17 000 milliards, devenant la deuxième économie mondiale et une puissance militaire majeure. Face à cette ascension, Takaiichi juge que le Japon ne peut plus se contenter d'une posture défensive. Elle milite pour : * une révision de la Constitution pacifiste ; * le développement de capacités militaires offensives ; * un rôle régional accru face à la Chine. Une position délicate pour les Etats-Unis : Washington veut contenir Pékin, mais sans voir émerger une seconde grande puissance militaire en Asie susceptible, un jour, de lui échapper. Une société japonaise de plus en plus nationaliste À l'intérieur du pays, les mentalités ont changé. Un sondage du quotidien Yomiuri Shimbun montre que 85 % des Japonais se sentent désormais menacés par les puissances voisines, notamment la Chine, la Corée du Nord et la Russie. Près de 60 % soutiennent l'idée que le pays se dote de capacités à frapper en « riposte anticipée ». Ce climat politique est très différent de celui de 2016, lorsque plus de la moitié des Japonais s'opposaient à toute révision de l'article 9 de la Constitution, qui interdit la guerre. La banalisation des discours ultra-nationalistes, favorisée par les mangas, séries et films qui reprennent les récits historiques de la droite, a contribué à remodeler l'opinion publique, surtout parmi les jeunes. Takaiichi entre prudence diplomatique et retour du discours dur Durant sa campagne, Takaiichi avait adouci son discours, appelant à davantage de coopération régionale, notamment avec la Corée du Sud. Elle avait également mis en pause ses visites au sanctuaire Yasukuni, pour ne pas attiser les tensions avant son élection. Mais depuis son arrivée au pouvoir, les lignes ont changé. Elle a rencontré Donald Trump à bord du navire américain USS George Washington, affichant une alliance stratégique renforcée. Dans le même temps, elle a repris ses positions fermes contre la Chine, provoquant la crise diplomatique actuelle, alors que la région subit déjà les tensions entre les deux Corées et l'escalade militaire en mer de Chine. Un avenir incertain mais une empreinte déjà profonde Reste à savoir si Sanai Takaiichi restera durablement à la tête du pays ou si le Japon renouera avec son cycle d'instabilité politique. Ce qui est certain, c'est qu'elle entend laisser une marque indélébile sur la place du Japon dans le monde. Ses convictions profondes, son nationalisme assumé et sa volonté de remodeler la posture militaire nippone risquent de redessiner durablement les équilibres asiatiques et d'intensifier la rivalité stratégique avec la Chine, dans une région déjà au bord d'une recomposition majeure. Abonnez-vous à la newsletter quotidienne Tunisie Numérique : actus, analyses, économie, tech, société, infos pratiques. Gratuite, claire, sans spam. 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