La canicule qui frappe actuellement la Tunisie depuis plusieurs semaines n'est certes pas un phénomène nouveau pour les Tunisiens, mais ce qui est totalement inédit, ce sont ses conséquences sur la population tunisienne en termes de distribution d'eau potable. En effet, pour la première fois en Tunisie, les habitants de nombreuses régions du Sahel et du sud de la Tunisie telles que : Sfax, Monastir, Mahdia, Nabeul, Sidi Bouzid, Gafsa... ont subi des coupures d'eau prolongées de façon quasi simultanée, sans obtenir des explications voire des excuses officielles claires et convaincantes. Les responsables politiques se lavent les mains de leurs responsabilités « C'est devant les problèmes que l'on reconnait les responsables compétents des responsables incompétents qui parlent beaucoup et qui ne font rien ». Cette maxime enseignée en management d'entreprise, ne s'applique pas seulement aux chefs d'entreprise mais aussi aux responsables politiques. Au lieu de se rendre personnellement sur le terrain pour parler avec les citoyens tunisiens et les responsables locaux ainsi que des experts, dans le but d'évaluer l'importance du problème et de prendre des décisions adaptées à la situation, Mohamed Ben Salem le ministre de l'Agriculture voit les choses autrement. Lors d'une interview accordée à la Radio Shems FM, le mercredi 11 juillet 2012, le ministre a annoncé la création d'une commission technique au sein du ministère pour enquêter sur les perturbations graves et successives enregistrées au niveau de l'approvisionnement des citoyens en eau potable qui coïncident avec la canicule actuelle. Sans aucune précision sur le fonctionnement et la durée de cette commission, le ministre considère que c'est la solution la plus adaptée au problème de coupure d'eau prolongée que connaissent de nombreux citoyens tunisiens. Le temps que la commission fasse son travail et propose des solutions (bonnes ou mauvaises), les Tunisiens ont largement de temps de mourir de soif si cette pénurie d'eau continue avec la chaleur actuelle. Clémenceau avait dit un jour : « quand on veut enterrer un problème, on crée une commission d'enquête » ! Cela nous rappelle la commission d'enquête sur les événements du 9 avril 2012 dont nous attendons toujours le premier rapport ! « L'incompétent génère l'incompétence » : les dessous de la nomination du nouveau PDG de la SONEDE Hedi Belhadj a été nommé par le gouvernement provisoire, nouveau PDG de la SONEDE, depuis trois mois. Bien que l'annonce de sa nomination ne soit toujours pas parue dans le JORT, il a commencé son travail suite à la réunion d'un conseil d'administration. Marchant sur les traces du ministre Mohamed Ben Salem, son camarade de classe, le PDG de la SONEDE s'est consacré exclusivement depuis sa nomination à la recherche des dossiers de corruption, au pointage du personnel, à l'utilisation des voitures de service. Un ex- directeur général des barrages, est-il capable, dans la situation difficile actuelle, de gérer convenablement une entreprise de cette taille et qui a un impact aussi important sur la vie quotidienne des citoyens tunisiens ? Les ministères concernés y compris le ministère de l'Agriculture avaient-ils fait un audit pour vérifier l'état de fonctionnement du réseau d'eau potable et la maintenance des équipements de la SONEDE ? Rappelons qu'au cours des années de sécheresse en 1988 et 1989, les Tunisiens n'ont pas connu des coupures d'eau aussi prolongées. Bien que la météo ait prévu une saison estivale chaude, aucun plan d'action n'a été prévu par les parties concernées et particulièrement la SONEDE. Le Gouvernement est-il conscient de la gravité des problèmes ? Pendant que le gouvernement est occupé par la campagne électorale qui se concrétise actuellement par le 9ème congrès du mouvement Ennahdha, et que ses militants applaudissent aux nombreux discours des leaders politiques tunisiens et étrangers, les citoyens Tunisiens qui souffrent cruellement de la soif attendent toujours que le gouvernement prenne enfin les choses en main et mette en œuvre des solutions concrètes et rapides. Faut-il rappeler que le mois sacré de Ramadan va débuter dans quelques jours seulement et que les problèmes d'eau vont prendre une importance encore plus grande pendant cette période de jeûne et de chaleur ? Ce qui parait étrange, c'est que les explications donnés relatives à des pannes électriques à l'origine des coupures d'eau semblent incohérentes. En effet, si une panne ponctuelle peut avoir lieu dans une région donnée, il est étrange que ces pannes soient généralisées à de nombreuses régions dans une même période. Sur un autre plan, la saison touristique s'annonce bonne ce qui va entraîner automatiquement une consommation d'eau élevée par les hôtels, au profit des touristes étrangers. La réussite de la saison touristique est nécessaire pour favoriser une reprise de l'économie tunisienne. Le problème ne relève plus dans ce cas des autorités locales, mais de la responsabilité du gouvernement et particulièrement des ministres et des responsables concernés.