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Exclusif-Tunisie: Les cadres de la SONEDE répondent au ministre de l'Agriculture et révèlent les véritables causes des perturbations de l'approvisionnement en eau
TunisieNumerique a obtenu en exclusivité un document rédigé par des cadres de la SONEDE sous forme de rapport dans lequel ils répondent au ministre de l'Agriculture sur les accusations adressées à la société considérée comme principale responsable de la plus grave crise d'eau qui a frappé certaines régions du pays. Sans entrer dans les détails, voici un large résumé de ce document. Des cadres de la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) ont décidé, face aux accusations portées par le ministre de l'Agriculture Mohamed Ben Salem lors de sa conférence de presse du jeudi 2 août et à l'occasion de déclarations à la presse , à l'encontre de la SONEDE en lui faisant assumer toute la responsabilité, d'éclairer l'opinion publique et défendre la réputation de leur institution. Une société qui, selon eux, a consacré toute son énergie depuis sa création en 1968 pour assurer un taux de raccordement de 100% en eau potable dans le milieu urbain et 94% dans le milieu rural. Mise en doute de l'indépendance de la commission d'enquête et de ses conclusions Dans leur rapport, les cadres de la SONEDE ont mis en doute l'impartialité et l'indépendance de la commission d'enquête formée par le ministère pour révéler la vérité sur les circonstances des perturbations dans l'approvisionnement de l'eau potable qui a frappé certaines régions du pays au cours du mois de juillet dernier. En effet, selon le rapport, la composition de la commission qui comprend des responsables du ministère de l'Agriculture et des institutions publiques sous la tutelle du ministère ne comprend pas d'experts ou chercheurs dans le domaine de l'eau issus de l'université ou d'un cabinet d'étude réputés pour leurs compétences. Les cadres de la SONEDE reprochent aussi à la commission d'être présidée par l'ancien directeur général des ressources hydrauliques au ministère de l'agriculture qui était encore responsable il n'y a pas longtemps de la gestion des ressources hydrauliques sur l'ensemble du territoire du pays notamment les ressources en eau potable . En outre, l'attribution au département de la planification de l'eau au ministère du poste de vice-président de la commission et son rapporteur est étonnant, selon le rapport, qui précise que cet organe est considéré comme responsable de toute lacune ou mauvaise estimation dans la programmation ou la planification au niveau de la fourniture des besoins des citoyens en eau potable. De ce fait, le rapport a conclu que service est juge et partie. Cette situation a fait que la commission a fait supporter, dans les conclusions de son rapport, l'entière responsabilité de ces perturbations à la SONEDE sans même faire référence à aucun des organes du ministère de tutelle représenté au conseil d'administration de la société. Le rapport indique que le ministère aurait du se rendre compte des lacunes et carences annoncées auparavant et rectifier les erreurs d'estimation en la matière. Les cadres de la SONEDE ont contesté la révocation de certains directeurs de la société qui est un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité morale et de l'autonomie, affirmant que la révocation du personnel ne relève pas des compétences du ministre. Les véritables raisons des perturbations de l'approvisionnement en eau La coupure sans préavis de l'électricité par la STEG les 9, 10 et 11 juillet sur les stations de traitement d'eau potable de Billy et la station de pompage de Jelma qui approvisionnent 5 régions a conduit à l'arrêt de la production de l'eau et à vider les réservoirs et canaux lors du pic de la consommation. Pour remédier à cette situation et retrouver l'équilibre du système hydraulique cela exige, selon les cadres de la SONEDE, au niveau technique plusieurs jours eu égard au fait que l'incident a coïncidé avec la hausse des températures. Autre cause de la perturbation de l'approvisionnement de l'eau, la présence de milliers de Libyens résidents de façon quasi permanente dans la région de Sfax et qui a influé sur la hausse de la consommation de l'eau. En outre, la baisse des ressources financières de la SONEDE qui n'a pas pu réaliser les investissements nécessaires dans la réalisation de nouveaux projets hydrauliques a handicapé les perspectives de programmation de la société et l'extension de ses activités. Le rapport a réfuté l'argument avancé pour incriminer la SONEDE, à savoir, les 74 mille compteurs en panne sur l'ensemble du pays, affirmant que la société a remédié à cette situation en tenant compte de la moyenne de la consommation antérieure et au prorata. Réhabilitation de la SONEDE et de ses cadres Les cadres de la SONEDE ont demandé la réhabilitation de leur institution à travers une explication officielle du ministre de l'Agriculture au sujet de ses déclarations et celles de certains membres du gouvernement en termes d'accusations infondées contre des cadres et agents de la société ayant porté atteinte à leur réputation et à celle de la société dans son ensemble. Ils ont pris l'engagement d'œuvrer pour arrêter les mesures judiciaires pouvant conduire à des poursuites contre des cadres de la société dans cadre de l'affaire des perturbations de l'approvisionnement de l'eau. Ils réclament aussi un engagement du gouvernement à fournir des fonds nécessaires à l'entreprise pour être en mesure de couvrir son déficit budgétaire sans alourdir les citoyens par des augmentations dans les tarifs de l'eau potable. Cette mesure doit s'effectuer de manière à assurer la continuité du service public et à couvrir le coût des investissements résultant de l'achèvement des projets d'eau nécessaires pour veiller à ce que tous les citoyens aient accès à l'eau dans de bonnes conditions en termes de quantité et de qualité. Le rapport sollicite l'engagement clair du gouvernement envers le peuple dans le but de ne pas prendre de mesures de nature à conduire à la privatisation de services hydrauliques publics ou à brader la SONEDE en faveur du secteur privé étant donné qu'elle constitue un acquis national qui doit être préservé pour les générations futures, l'eau étant une «ressource nationale» . Lien de l'article en arabe : Cliquez ici