Une enseignante de Louxor a créé la polémique en coupant les cheveux de deux de ses élèves qui ne portaient pas le voile islamique. Pour les associations de défense des droits de l'Homme, cet incident témoigne d'une radicalisation de la société. L'affaire s'est déroulée le 10 octobre dans le village de Qurna, situé dans la province de Louxor, dans le sud de l'Egypte. Après avoir plusieurs fois répété à deux écolières de 12 ans qu'elles devaient porter le voile islamique à l'école, l'enseignante les a punies en les forçant à se tenir les mains sur la tête pendant deux heures, avant de leur couper les cheveux au milieu de la classe. ”Un acte honteux” À la suite de cet incident, Berbesh Khairi el-Rawi, le père d'une des deux fillettes, a décidé de porter plainte. Une enquête a ensuite été ouverte par les autorités égyptiennes. Le gouverneur de la province de Louxor a qualifié cet acte de “honteux” et sanctionné l'enseignante. En plus d'être transférée dans une autre école, elle a été privée d'un mois de salaire. Pourtant, malgré les sanctions, l'institutrice, qui porte le voile intégral, ne comprend pas pourquoi son geste ait soulevé un tel tollé. “Je n'imaginais pas que couper deux centimètres de cheveu était un grand crime. Je plaisantais avec elles puis un élève a sorti des ciseaux et m'a demandé de mettre ma menace en application. Je l'ai fait pour conserver mon autorité”, a-t-elle expliquée au journal “Al-Masri Al-Yom”. Radicalisation de la société Face à cette nouvelle affaire, les groupes de défense des droits de l'Homme s'inquiètent d'une radicalisation de la société égyptienne. Depuis l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans, les pressions religieuses sont de plus en plus fortes. “Que ce soit dans l'enceinte d'établissements scolaires ou à l'extérieur, le sentiment général est que toute action abusive est tolérée si elle est réalisée pour protéger l'islam”, a commenté Ziad Abdel Tawab, de l'Institut de défense des droits de l'Homme du Caire, interrogé par l'agence Associated Press. Reste que cet incident est loin d'être isolé. Depuis plusieurs semaines, les poursuites judiciaires contre des Egyptiens accusés de blasphème se multiplient. Arrêté pour avoir diffusé des extraits du pamphlet islamophobe L'Innocence des musulmans sur sa page Facebook, Alber Saber, un copte de 27 ans, risque six ans de prison. Son procès a été reporté au mois de novembre.