Depuis quelques jours, la scène médiatique en Tunisie vit au rythme des révélations surprenantes de la blogueuse Olfa Riahi sur une affaire touchant de près Rafik Abdessalem Bouchleka le ministre des affaires étrangères tunisiennes. L'article paru le 26 décembre 2012 porte des sérieuses accusations de malversation voire même d'atteinte aux bonnes mœurs. La tête de la diplomatie tunisienne serait en fait soupçonnée de faire un mauvais usage de l'argent publique en abritant une chambre luxueuse dans un hôtel sis à proximité de son ministère. La réplique de Rafik Abdessalem n'a pas tardé à réfuter toutes ces présomptions en estimant qu'il a fait usage de son plein droit au logement dans la limite des lois et du budget consacré par le ministère des affaires étrangère. Pourtant, l'affaire a refait surface le Samedi dernier quand la blogueuse Olfa Riahi a révélé sur la chaîne Ettounisya l'existence d'un compte courant bancaire au nom du ministère des Affaires étrangères dans la Société Tunisienne de Banque (STB – Agence Habib Thameur). Selon ses propres dires, documents à l'appui, ce compte a été alimenté par un versement d'un million de dollars, effectué directement par le ministère du Commerce chinois le 18 Juillet 2012 en infraction explicite au code de la comptabilité publique. En effet, l'article 57 du code de la comptabilité publique stipule qu'aucun ministère n'a le droit de posséder un compte courant bancaire étant donné que ce dernier échappe au contrôle à priori des contrôleurs des dépenses publiques.Ainsi, tous les comptes des ministères doivent être détenus par des agents comptables qui eux-mêmes possèdent des comptes courants postaux. Et c'est à l'ouverture des comptes que chaque agent comptable reçoit non pas d'espèce mais des bons de caisses de la part du receveur des finances qui se chargera d'alimenter leur trésorerie. Ceci dit, qu'en cas de besoin de liquidité c'est le receveur des finances qui leurs verse de l'argent dans leurs comptes courant postales en contrepartie d'une pièce justifiant la dépense. De l'autre côté, du moment que les ministères ne doivent pas détenir des comptes bancaires et le versement d'un million de dollar vient de l'étranger (la Chine),il devait transiter normalement par la banque centrale de la Tunisie (BCT), sauf si peut-être le compte en question est un compte personnel ! Enfin, force est de constater que même sous le règne de Ben Ali et de Bourguiba, les dons devraient obligatoirement passer par la BCT et s'inscrire dans les livres comptables tout en assurant le suivi et quelques fois l'audit de leur destination. Intervenant sur les ondes de radio Kalima Slim Besbes (secrétaire d'état auprès du ministère des finances) a assuré que l'argent était destiné à l'organisation du forum de coopération sino-arabe qui s'est tenu en fin du mois de Mai. La question qui se pose pourquoi cet argent a été virée après la tenue de ce forum ? La BCT est tenue par la suite de fournir en toute transparence des preuves d'utilisation de ces dons aux bailleurs de fonds. Mais hélas l'intention de détournement des fonds publics qu'aurait suivi Ennahdha fait que la BCT n'est plus en mesure d'appliquer les règles de bonne gouvernance !!!! Est-ce que le changement du gouverneur de BCT est pour quelque chose ???