Encore une sortie médiatique tonitruante du sulfureux prédicateur Béchir Ben Hassan. Il se surpasse en Fatwa à connotation wahhabite et trahirait un esprit en rupture avec l'identité et la personnalité tunisiennes. De son fruste avis, la fête du Mouled est une hérésie (sic) et ceux qui célèbrent la naissance du Prophète ne sont que des hypocrites (re-sic), arguant qu'aucun texte, dans le Coran et la Sunna, ne commande ou recommande, ni implicitement, ni explicitement, de festoyer à cette occasion. Cette opinion ne résiste pas au contre-argument dans ce sens qu'aucun texte n'a non plus prohibé ce genre de manifestations. Il est bien connu qu'en droit, en doctrine, la règle de base stipule que ce qui n'est pas explicitement interdit est autorisé. Les prédicateurs de cet acabit compulsent la Sunna pour citer les Hadiths étayant leur thèse. Le prophète n'a-t-il pas dit » من تشبه بقوم فهو منهم » ou encore » خالفوا المشركين ولا سيما في ما هو من شعائر دينهم « . Donc, dans leurs outrancières interprétations, reprendre une pratique ou une coutume ou un rituel des chrétiens serait un sacrilège et, à ce titre, passible d'excommunication. Derrière cet interdit, se faufilent d'autres idées selon lesquelles il serait irrecevable, d'un point de vue théologique, de conférer à la date d'anniversaire du Prophète le même faste que déploient les chrétiens pour celle de Jésus Christ. Faire de même que les Kouffars serait un anathème, une forme d'apostasie. L'Islam n'a-t-il pas accordé un haut rang et un statut privilégié aux « gens du livre » ? Ces derniers, adeptes de religions révélées, partagent avec les musulmans tout un héritage de valeurs et de croyances. L'histoire de l'Islam enseigne que maints pactes de cohabitation pacifique ont été conclus avec les juifs et les chrétiens. La diversité et la différence sont des émanations de Dieu, pourquoi en faire aujourd'hui un facteur de discorde et de rejet. Dans la Sourate 30, Verset 22, Dieu Disait « Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre et la diversité de vos langues et de vos couleurs » ou dans la Sourate 6, Verset 108 « N'insultez pas ceux qui invoquent d'autres divinités que Dieu, car ils seraient tentés, dans leur ignorance, d'insulter Dieu par vengeance« . D'ailleurs, est-ce fortuit qu'uniquement l'idéologie wahhabite interdit, entre autres, la célébration festive du Mouled ? Notre traditionnelle et non moins succulente Assida n'est pas seulement un cérémonial religieux, c'est également un élément de la culture et de l'identité des tunisiens. Devrions-nous nous attendre à ce qu'un jour, tout aussi sombre, un prédicateur se lève pour nous interdire le Couscous et la Mloukhiya de « Ras El 3am » ?! Attendons voir ! A moins que, dans l'esprit de certains tristes prélats, l'interdit ne frappe que les sucreries, les produits salés en sont exemptés !!