L'aggravation des troubles en Syrie pourrait faire voler en éclats les derniers espoirs de parvenir à un accord de paix au Moyen-Orient. Elle pourrait aussi redéfinir l'influence régionale respective des Etats-Unis et de l'Iran et poser des problèmes au plus grand allié de Washington, Israël. Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Damas, Robert Ford, a discrètement invité le président syrien à cesser de tirer sur son peuple. Les responsables américains se disent tiraillés entre la crainte d'une déstabilisation des voisins, comme le Liban et Israël, et l'espoir de voir s'affaiblir l'un des principaux alliés de l'Iran. Depuis deux ans, les Etats-Unis tentent d'inciter Damas à négocier un accord de paix avec Israël et à se désolidariser de l'Iran- un vain effort qui a valu au président Obama les foudres du Congrès-, certains lui reprochent de soutenir l'un des régimes les plus répressifs du monde arabe. La crise syrienne poserait un problème épineux au gouvernement Obama si Bachar El-Assad exerçait une répression comme celle de son père en 1982, répression qui avait fait au moins 10 000 morts dans la ville de Hama. Comment Washington pourrait-il éviter d'intervenir alors qu'il l'a fait en Libye pour prévenir un massacre à Benghazi ? El-Assad a déclaré qu'il voulait négocier un accord de paix avec Israël. Maintenant que sa population prend les armes, il pourrait être tenté d'attaquer l'Etat hébreux, ne serait-ce que pour détourner l'attention des problèmes intérieurs. Source : Courrier international du 31 mars au 06 avril 2011