Ce qui se passe sur les hauteurs du Châambi est, certes, notable ne serait-ce que de par la violence des « échanges », et de par le fait que cette guérilla reste somme toute une nouveauté pour le commun des tunisiens. C'est pour ces raisons que ces incidents ont mobilisé les émotions et même l'émoi général, alors qu'à la limite, il ne s'agit que d'un petit détail, en comparaison avec ce qui se trame au sein même de notre société. Finalement, il n'a pas si tort que çà, le chef du gouvernement quand il demande de ne pas dramatiser les « accrochages » du Châambi. Car, que représente, en réalité cette petite guéguerre entre les sentiers du Châambi, comparée aux guerres en bonne et due forme que se livrent les forces politiques et les forces vives du pays. 1- Une guerre d'idéologie entre Wahhabites et tunisiens C'est en effet une guerre sans merci que nous livrent les wahhabites venus d'au-delà des dunes, pour transformer notre civilisation millénaire, notre façon de vivre, et même notre façon de penser. C'est une guerre où tous les coups sont permis, mêmes les plus bas et les plus vils. Une guerre où l'argent sale à l'odeur nauséabonde qui pue les relents du pétrole coule à flot. La dernière offensive en date dans cette guerre, est bien celle menée par Bechir Ben Hassen et ses sbires à l'occasion de l'invitation de leur éminent « penseur » Mohamed Hassan, et qui a été l'occasion de faire une démonstration de force avec gardes du corps, assurément armés, avec passage en force des lignes de douane et de police des frontières, et surtout avec des insultes et autres invectives à l'attention des mécréants et défenseurs du diable que nous sommes. C'est bel et bien une guerre qui a divisé le peuple en mécréants et croyants, mais cette fois-ci, ces derniers ne vont pas s'arrêter comme l'avaient fait, avant eux, leurs prédécesseurs, le prophète à leur tête. Non ces cavaliers des temps modernes entendent soit nous asservir, soit nous anéantir. Il n'est plus question de cohabiter ni de partager le même sol et le même air. 2- Une guerre totale déclarée par le CpR contre toute la nation Cette guerre s'est déclarée depuis le lendemain des élections, quand les crédules et les rêveurs qui ont consenti de voter au CpR, se sont rendus compte qu'ils s'étaient fait avoir, et de quelle manière. Les électeurs ont rapidement tourné le dos à ce parti qui n'a pas su être à la hauteur de ses promesses, ce qui a poussé ses plus éminents dirigeants à se jeter dans les bras de leurs alliés d'une campagne, pour espérer grignoter leur part de « la tarte » tant promise et tant espérée, et qui s'est avérée être un vilain bout de pain rassis au gout amer et à la consistance qui casse les dents, pourtant affûtées et aiguisée par la cupidité. Du coup, le CpR s'est mis à en vouloir à tout le monde, même aux siens qui avaient eu assez de jugeote pour quitter le navire à la dérive, certains se sont rabattus sur l'Emir bienfaiteur dans l'ultime espoir de se faire reconduire ne serait-ce que pour une période. Et c'est ainsi, et en se rangeant du côté d'un Emir repoussé et ressenti comme un avide envahisseur, que ces gens du CpR se sont mis toute la population sur le dos. Qu'à cela ne tienne, ont-ils répondus. Ils déclareront la guerre au peuple s'il le faut. Et il le faut bien. Ils ont donc choisi ce jour de fête pour déclarer la guerre à... La Tunisie toute entière, ses dirigeants politiques et sa classe ouvrière, sans oublier au passage les médias de la honte, et les médias à la solde du RCD. Et la déclaration fut éloquente venant de la bouche de Kahlaoui, Ben Hmidane et consorts. 3- Une guerre au sommet entre Ennahdha et tout ce qui pourrait lui faire de l'ombre Et Ennahdha forte de sa « légitimité », de ses soutiens internationaux, de son argent, apparemment sans limite, et de ses milices de mercenaires dévoués, en engage des guerres. Elle en engage même plusieurs en même temps. C'est qu'elle peut combattre sur plusieurs fronts, et pas contre n'importe qui. Elle peut se targuer de faire la guerre contre Nidaa Tounes et son cortège de démocrates, et contre la superpuissante UGTT et ses satellites de partis de gauche. Et c'est cette dernière guerre qui constitue pour le moment, la priorité d'Ennahdha, puisque l'UGTT, veut jouer au trouble fête et à l'empêcheur de tourner en rond. Et d'ailleurs, çà tombe bien, on va lui faire endosser la responsabilité de l'échec du meilleur gouvernement de tous les temps, en prétendant que l'échec est du exclusivement à l'entêtement de la centrale syndicale à saborder les efforts colossaux consentis, en abusant de grèves et autres sit-ins. Et voilà le tour est joué. On détruit un ennemi et on l'utilise en même temps pour cacher son incompétence. Voilà donc, un petit passage en revue de quelques unes des guerres fratricides qui minent notre société et qui finiront par avoir raison de l'unité nationale, et tout çà, pour quoi ? Ou plutôt, pour qui ? Certainement pour les besoins d'une autre guerre qui se trame de derrière les océans et qui se joue par « pions » interposés, avec des enjeux qu'on peine toujours à saisir !