On y est ! On l'a tant redouté, on l'a tant appréhendé, on a tant souhaité que ce moment n'arrive point, on a tant espéré que ce n'était que le fruit des âmes malades alarmistes... On y est pourtant. C'est la guerre ! Ou du moins, c'est ce qu'a déclaré le grand Cheikh « Recoba », représentant du peuple musulman tunisien, et défenseur de sa révolution. Investi par « on ne sait quelle puissance », et revigoré par une impunité envers la loi, qu'il ne cesse de bafouer, pour s'en sortir à chaque fois indemne et réconforté dans son image d'invincible protecteur de la révolution, grâce à « on ne sait quelle puissance ». Le Grand Cheikh Récoba, défenseur de l'Islam, a donc déclaré la guerre aux « chiens du RCD » comme il l'a dit, et aux forces de la contre révolution. Cela s'est passé, hier samedi au centre de Sfax, à l'occasion d'un meeting, qui l'a regroupé lui et ses semblables, les autres guerriers de la protection de la révolution, qui ne se limitent pas aux seules LPR, mais qui regroupent de dignes représentants d'illustres partis politiques, qui se disent du même avis et du même combat que Recoba. Récoba est donc monté sur le podium et a annoncé haut et fort qu'il va conduire une deuxième révolution, et qu'il terminera le travail qu'il aurait du faire un certain 15 janvier 2011, c'est-à-dire, au lendemain de la première « révolution ». Il promet donc de lyncher et d'achever les « chiens de l'RCD » et de faire la guerre aux forces anti révolutionnaires. Çà sera, promet-il, une guerre entre le peuple tunisien qui est musulman et les ennemis donc forcément athées. Recoba promet de déclencher la première croisade des temps modernes, et de tuer les ennemis de Dieu ! Et il précise que ce qu'il dit est bel et bien de l'incitation au meurtre et à la haine, qu'il ne s'en cache pas et qu'il n'a peur de personne ! Forcément, il ne peut plus avoir peur, lui l'invincible, lui dont « on » ordonne la relaxe, à peine il se fait appréhender par la police, et quelque soit son forfait. Mais, finalement, au nom de qui fait-il tout çà, le Recoba national ? Au nom de la protection de la révolution ? Sa protection contre qui ? Contre ceux qui veulent la voler au peuple ? Qui lui dit qu'elle n'a pas déjà été volée sa révolution ? Est-il seulement sur qu'il n'est pas entrain de se mettre à la solde de ceux, justement, qui l'ont volé la révolution ?