Mr Abdellatif Mekki, ou devrions nous préciser, Docteur Abdellatif Mekki, car le détail est important dans ce genre de « polémique », a fait des déclarations au micro d'une radio privée, annonçant que la Tunisie a enregistré quatre cas de Malaria. Il a tout de suite écarté tout risque de réinstallation de la maladie dans le pays en se « précipitant » littéralement sur l'argument des cas importés. Il a d'un autre côté, insisté, pour apaiser la campagne galopante sur les réseaux sociaux, que la Tunisie est bien préparée à gérer ce type d'atteintes, et il a de ce pas remercié les services « compétents » de son département pour la promptitude de leur réaction. Tout ceci est bien beau, et a, probablement, de quoi apaiser las craintes, si ce n'étaient des propos émanant de la bouche d'un médecin, qui ne devrait pas se laisser aller à ces insuffisances de discours, pour revenir, après coup, arguer le manque de temps d'antenne, ou le caractère « non spécialisé » de telle ou telle émission. Car, en effet, et pour les non initiés que nous sommes, il aura suffi d'une toute petite documentation, éclair, sur le sujet pour relever beaucoup d'anomalies et de zones d'ombre dans le discours du médecin-ministre : D‘abord, il y a un gouffre entre « cas importés » comme l'a précisé le ministre, s'agissant de malades ayant été infectés par l'agent de la maladie, dans un pays où la maladie sévit (en Afrique sub-saharienne, en l'occurrence), et les « cas de paludisme des aéroports », où c'est le germe en cause de la maladie, ainsi que le moustique qui est responsable de sa transmission entre les humains, qui sont importés dans le pays. Il est à préciser d'abord que ce genre « d'importation » se fait plutôt autour des ports et non des aéroports, car c'est dans les navires, qu'il y a généralement importation de produits pouvant contenir des eaux des pays de départ, comme les pneus et autres containers, qui peuvent dans certains cas héberger des insectes porteurs du virus causant la maladie. Par ailleurs, s'il s'agissait, exclusivement, de cas importés, il aurait fallu préciser que les quatre malades diagnostiqués à Tunis, reviennent d'un voyage en Afrique sub-saharienne. Et dans lequel cas, quel bénéfice pouvait-on attendre d'une enquête dans l'entourage des malades. Car si ce sont des cas importés, et que le moustique portant le virus n'existe pas en Tunisie, tout cet effort aurait été inutile, et ce détail n'aurait pas échappé à un médecin-ministre, ni à son équipe de fins limiers qu'il a tenu à remercier. D'ailleurs, si le moustique (de type Anophèle) n'existe réellement pas en Tunisie, il n'y aurait eu nul besoin de s'affoler et de faire tous ces dépistages allant jusqu'à piquer les réfugiés africains de passage à Tunis. D'un autre côté, dans la déclaration même du ministre, il a cité les causes qui font que l'équipe du ministère de la santé n'avait aucun mérite de promptitude et de réactivité dans la gestion de l'alerte. Car comme il l'a si bien dit, c'est une maladie qui ne passe pas inaperçue, et que le diagnostic s'est imposé de lui-même devant une clinique parlante et l'historique du patient où il est question d'un voyage récent en Afrique. Donc, en fin de compte, la déclaration du ministre de la santé, et au lieu de répondre à certaines questions, ne fait qu'en soulever d'autres du genre : Est-ce que les quatre cas concernent des malades ayant séjourné en Afrique sub-saharienne et ont, donc, importé le virus dans leur sang ?