Malgré un ordre de libération provisoire en échange d'une caution, Zied El Heni, aura quand même passé sa nuit en prison. De l'interminable récit d'une journée noire pour la liberté d'expression où trois journalistes comparaissaient pour des motifs différents mais pour un même combat, de la longue marche de notre confrère vers sa destination « inconnue » et en somme illégale, on retiendra l'image d'une profession -la presse en l'occurrence- réunie à l'unisson et comme un seul homme, déterminée malgré les tentatives d'intimidation et de répression à accomplir sa mue et creuser son sillon vers sa liberté. Et comme l'histoire aura retenu du gouvernement d'Ennahdha l'acharnement d'un régime essoufflé qui a force de coups de semonce et de procès d'opinion aura fait en sorte de dompter l'appareil judicaire à fins politiques et à l'impunité des siens, elle conservera aussi pour la postérité l'intarissable et l'inépuisable mouvement citoyen et pacifique pour la liberté. De ce long concert de photos qui ont défilé hier, un souvenir indélébile marquera nos esprits, notre confrère Zied El Heni se faisant embarquer de force malgré le tollé et l'ire qui n'en démordait pas. Une autre photo ne manquera pas non plus de susciter et de forcer notre respect, celle d'un autre confrère, Emine Mtiraoui, se dressant face à une vraisemblable chasse à l'homme orchestrée et brandissant son dossard de journaliste face à ce cortège funèbre de la liberté d'expression. Comme pour dire qu'en face des relents de haine et de revanche, la lutte pacifique demeure à jamais une arme infaillible.