Aujourd'hui dimanche 1er décembre 2013, les parents de Socrate Cherni, commémorent le 40ème jour de son martyr. C'est ainsi que la famille et les amis vont se réunir pour se recueillir sur la tombe de leur enfant chéri, et pour avoir une pensée pour lui et prier pour son âme. Mais voilà que les politiciens de tous bords ont fait savoir qu'ils allaient être de la partie. Qui les a invités ? On dira qu'en matière de deuil, nul n'est besoin d'une invitation. Il n'empêche que de jeter son dévolu, comme çà, sur la famille dans un moment de recueillement et de piété, flirterait avec l'indécence. Qui dit que la famille ne voudrait pas rester en paix pendant cette journée ? Qui dit que la famille ne va pas percevoir cette « invasion » comme un attroupement de charognards venus juste pour s'afficher et pour se prendre en photos sur la tombe du martyr et avec ses parents ? Car ceux qui sont sincères dans leur élan de solidarité avec le martyr Socrate et sa famille y étaient déjà au moment de l'enterrement et les jours qui ont suivi. Or ceux qui vont se presser aujourd'hui sur le perron de la maison familiale, ne vont le faire que pour s'afficher. Sinon, comment expliquer qu'ils aient annoncé aux médias, depuis la veille, qu'ils y seraient ? Non messieurs aux costars sombres et aux chemises au col ouvert ! Pour se recueillir sur un mort, il est vrai qu'on le fait chez lui et sa auprès de sa famille. Or Chez Socrate, c'est la Tunisie, et la famille de Socrate, c'est aussi, la Tunisie. Et n'importe où en Tunisie et ailleurs, on pourrait se recueillir sur lui et avoir une pensée pour son sacrifice et réciter la Fatiha pour son âme. Non messieurs, Socrate n'aurait pas voulu vous voir agglutinés autour de sa tombe, ni assis l'air coincés sur les fauteuils du salon de son père. Il aurait aimé vous voir à l'œuvre et au travail, pour qu'au moins son sacrifice n'ait pas été vain. Il aurait aimé, ne serait-ce que par décence envers lui, que vous ne composiez plus avec ceux qui ont mouillé de près ou de loin dans son assassinat. Il aurait simplement, aimé que vous gardiez en mémoire qu'il a été sacrifié juste pour faire diversion à ce que vous maniganciez. Il aurait aussi aimé que vous alliez, par exemple, rendre visite aux familles de ses frères d'armes tombés avec lui sous le feu de l'ennemi. Vous auriez fait cela, il aurait peut-être compris que vous n'étiez pas venus chez lui à la recherche d'une médiatisation de votre « manège ». Alors, de grâce messieurs, ayons la décence de respecter ce moment solennel, ainsi que le deuil des parents. Respectons la mémoire du martyr et honorons son souvenir par des faits et des actes en vue d'ébaucher le chemin qu'il aurait tant voulu qu'on suive et qu'il nous a balisé par son sang.