14 Janvier 2014, date butoir annoncée pour la clôture du Dialogue National et de ses trois processus (gouvernemental, électoral et constitutionnel), date symbole à plus d'un titre, date marquant les esprits et devant cristalliser, de son aura, les bonnes volontés. Encore un rendez-vous reporté, le Quartet joue le chronomètre et les prolongations. La Tunisie serait-elle au bout de ses peines le 14 Janvier 2014 ?? Le doute est permis, et ce sans être un rabat-joie. A moins d'un tour de force dont le Quartet semble cultiver le secret, pour dégager une issue, au prix de manœuvres et de tricheries, comme c'était le cas pour la désignation du nouveau chef de gouvernement, l'échéance ne semble pas facile à honorer. Même si les acteurs sont les mêmes, les comparses sont les mêmes et les metteurs en scène sont les mêmes, chacun des trois processus de négociations est otage de son propre enjeu, ses propres clivages et de son propre mode opératoire. Il n'est pas interdit de penser que la première phase du processus gouvernemental n'a pas brillé par sa transparence et par sa marche vers le consensus, loin s'en faut, il était parti sur les chapeaux de roue pour finir en queue de poisson. La deuxième phase, de loin la plus complexe et vraisemblablement la plus controversée, augure d'un combat en règle pour parvenir à un compromis sur la composition du nouveau gouvernement. Certains portefeuilles sont d'ores et déjà dans l'œil du cyclone et font l'objet d'un intérêt particulier. Les parties prenantes au Dialogue Nationale se positionnent pour faire placer leurs poulains. Les domaines de la sécurité, de la justice et de l'économie suscitent la convoitise et ouvrent la porte à toutes les batailles. Encore une fois, l'idéal de consensus, pourtant pilier incontournable et la quintessence même de la « Feuille de route », risque d'être sacrifié sur l'autel des rapports de forces et des enjeux politiques et partisans. Quant au processus constitutionnel, rien n'indique que les tractations soient achevées au moment convenu, à savoir le 14 Janvier 2014. Le texte moisit depuis des mois dans l'hémicycle, faute d'accord sur certains paragraphes, sans compter qu'il a subi de plein fouet les piques et les incidences de la crise politique. A se demander si le temps imparti restant sera suffisant pour mener à bon port le processus ? Là également les incertitudes planent et laissent pressentir ou supposer que le bout du tunnel serait tout aussi laborieux à atteindre à l'échéance annoncée. Des reports, des ajournements seraient objectivement en perspective. Une hypothèse dont il faudrait tenir compte. S'agissant du processus électoral, chantier en principe le moins incommode, compte tenu de la mise en place probable, voire imminente de l'ISIE et le compromis déjà dégagé sur les principaux axes de la loi électorale, à en juger du moins par les déclarations des hommes politiques concernés à ce sujet, les travaux risquent d'être plus ardus que prévus. Même si l'amendement de certains articles de la loi organique N° 23, en date du 23 décembre 2012, régissant l'ISIE pourrait constituer un subterfuge juridique, de nature à débloquer la situation et d'accélérer la procédure de désignation des membres, la tournure pourrait être d'un tout autre acabit au sujet de la loi électorale, même si le terrain semble avoir été largement balisé. Donc, il n'est guère exclu que le mode de scrutin soit au centre d'un nouveau bras de fer, compte tenu de l'importance de ce mode dans la stratégie électorale des partis politiques engagés. Ceci dit, et en conclusion, nombre de facteurs, d'ordre endogène et exogène, pourraient concourir pour altérer le lancement de la dernière étape transitoire sur le processus de démocratisation et renvoyer l'investiture du nouveau gouvernement à une date hypothétique. L'exemple de la désignation, si controversée et tardive, du chef de gouvernement enseigne qu'il est contreproductif et non moins polémique de fixer une échéance à un processus politique conditionné aux enjeux et aux intérêts partisans quand ses parrains, à savoir le Quartet dans le cas de figure, n'ont pas les moyens de l'imposer et de contraindre les parties prenantes à le respecter vaille que vaille.