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Tunisie : Campagne présidentielle : Entre la force tranquille et la boule de nerfs ?!
Publié dans Tunisie Numérique le 19 - 12 - 2014

La campagne électorale a révélé deux approches distinctes. Entre BCE et MMM, l'exercice de propagande ne coule guère de la même source. A chacun sa méthode, son centre d'intérêt, son ordre de priorités et surtout son champ de mouvement et son sens de la mobilité. Les deux stratégies de communication, quoiqu'elles se croisent sur certains segments, notamment d'ordre médiatique et promotionnel, divergent sur d'autres leviers. L'opposition de style entre les deux candidats saute aux yeux. A chacun son type de campagne et son vocabulaire d'adresse.
D'une part, Moncef Marzouki, qui fait campagne sur le terrain, ne rechigne pas à multiplier les bains de foule, à faire du porte à porte. Bon pied bon œil, il sillonne la Tunisie en long et en large, prend le risque d'investir des localités où il n'est pas en odeur de sainteté. Il défie les bastions rivaux et les fiefs conquis par l'adversaire, il revient à la charge, il ne lâche pas le morceau, il continue ses tournées et ses diatribes. Aucun café populaire, aucun quartier malfamé et aucun marché de dimanche n'altèrent sa volonté de prêcher la bonne parole et de s'afficher en sauveur de la république et de la démocratie. Il bombarde ses slogans, ses clichés et ses poncifs quel que soit le parterre. Qu'importe la nature et la taille de l'auditoire, il croit dur comme fer en son discours et en sa force de frappe.
Il n'accuse le coup que pour repartir de plus belle, son bâton de maréchal à la main et sa faconde corrosive plein la bouche. Aux yeux de ses partisans, il a le vent en poupe. Dans son esprit, frondeur et introverti, voire même schizophrène et narcissique, il se veut héros de son peuple et héraut de son avenir, il fait un point d'honneur à être partout, visible n'importe où, à distiller son art oratoire et sa confession de foi dans les zones d'ombre comme dans les endroits nantis. A trop vouloir battre le pavé, en tenir le haut, donner de la voix et arpenter villes et bourgades, à la rencontre de la Tunisie profonde et de l'électorat, il aurait certainement aimé avoir le don d'ubiquité ou la faculté de se cloner. MMM a lancé sa campagne comme on part en croisade, toutes griffes dehors, armé jusqu'aux dents. Vendeur de rêve et de vent, il ne pipe pas un orphelin mot sur son bilan, il fait diversion et pourrit le processus électoral pour escamoter le tableau noir de sa présidence de trois ans. Il fait une fixation terrible sur Carthage, quitte à tout détruire. Delenda est Carthago !!
Le même ennemi pointé, le même argumentaire et le même épouvantail de menaces ouvertes ou larvées. Il n'arrête pas d'éructer, non sans conviction, qu'il est « le seul », le seul à garantir la démocratie, le seul à faire face au retour de la dictature, le seul capable d'éradiquer le terrorisme, le seul à s'ériger en rempart contre la corruption, le seul à pouvoir combattre la pauvreté et à assurer la justice sociale et le développement régional. Un vrai Dieu, bonté divine !! Avec un tel ego surdimensionné et disproportionné, MMM ne peut être fédérateur et défenseur de l'unité nationale. Moi ou le déluge en quelque sorte !
Une campagne classique ? Plutôt oui. Campagne que MMM ne lésine pas à agrémenter de quelques sorties de route et autres tours de force. Il n'en démord pas et ne s'en cache pas. Au-delà de toute controverse sur son talent d'orateur, sur sa faculté de mobiliser ou de convaincre, sur ses qualités d'homme politique ou d'Etat, personne ne peut enlever à MMM le mérite ni la vaillance de mener sa campagne partout, dans tous les coins et recoins du pays, avec ses tripes, ses vieux démons et ses non moins vieux fantômes.
Bref, un homme agité mais actif, volatile mais teigneux, toujours sur ses nerfs et sur ses gardes. Une campagne tout terrain où le candidat use et abuse de son vieux fusil. Il tire à profusion, croyant que plus il crache de balles et plus il cartonne. Parfois, il se tire une balle sur le pied croyant épingler un quelconque adversaire. Au lieu de décliner son programme, il dégaine. Tout son projet se résume à pointer son unique cible, à savoir BCE. Il a à la fois la langue bien pendue et la cervelle ravagé de peur, il pète un câble là où il croit gagner ses éperons. Tout son programme est un écran de fumée, il promet ce qu'il ne pourra jamais tenir, il fait des engagements dont son mince mandat de président n'autorise point la concrétisation. Tout contrairement à son adversaire, en mesure de s'appuyer sur le gouvernement et l'ARP. MMM fait flèche de tout bois, prend ses vessies pour des lanternes, croyant faire mouche à chaque banderille. Un manceau de baudruches, de coquilles vides et de bulles d'air.
D'autre part, Béji Caid Essebsi, qui mène une campagne atypique, focalisé beaucoup plus sur la visibilité médiatique que sur le travail de terrain. Il ne cesse de faire des raccourcis, des grands écarts. C'est sa stratégie diraient certains, à juste titre d'ailleurs. Toujours est-il que le commun des électeurs voit d'un bon œil le fait que le candidat prenne la peine de se déplacer pour lui, de venir à rencontre, d'échanger avec lui de vive voix. En tout cas, les déplacements de BCE, à l'intérieur de la république, sont ciblés et moins prolixes que son adversaire. Problème de capacité ou de calendrier ?
Peut-être que BCE est tellement sûr de son succès qu'il ne voit pas l'utilité de parcourir le pays et de s'encombrer de face à face avec l'électorat, auquel cas qu'est ce que ça pourrait lui ajouter ? Il est plutôt dans une logique de vainqueur et non d'outsider. Peut-être, pour lui, la course vers Carthage est pliée. Quelque part, il fait campagne juste pour donner le change et non pour convaincre. Il choisit le lieu et l'auditoire. Tout en message et en clin d'œil. On aurait dit qu'il s'appuie sur des certitudes et non sur des hypothèses, qu'il est un peu dans l'après scrutin, qu'il veut faire croire que son adversaire se démène autant sur le terrain parce que celui-ci sait qu'il n'a aucune chance. Une posture trop confiante, aux confins de l'arrogance.
De sa part, BCE amasse les bourdes et les mots assassins, moins systématiquement que son adversaire certes, mais il n'en commet pas moins. Dans ce registre, il est plus dans la réaction que dans l'initiative. Rompue à la ruse et à l'art de déterrer les cadavres, MMM trouve toujours le moyen de ramène BCE sur le terrain boueux de l'invective de bas étage et dans le duel de caniveau. Sans en être en reste, ce dernier fourbe aussi ses armes sémantiques pour répondre présent. BCE excelle dans la riposte et raffole de duels à distance. Il ne tient pas à quitter ce genre de sentinelle, conscient qu'il perdrait gros s'il acceptait le combat corps à corps. Pour MMM, BCE n'est pas un concurrent à la magistrature suprême, mais son pire ennemi, le diable en personne.
A défaut de débat direct télévisé, l'échange de tirs par voie détournée reste de mise. En effet, MMM ne rate aucune occasion d'en lancer le défi et d'inviter son adversaire à débattre, de vive voix, devant l'opinion publique. Droit dans ses bottes, fidèle à sa ligne, BCE ne cesse de dégager illico en touche, non qu'il craigne de s'offrir en piteux spectacle dans un combat de coqs (plutôt de béliers) et de voir le dérapage verbal et l'échange houleux prendre le dessus, comme il ne cesse de l'invoquer et de s'en prévaloir, mais tout simplement pour une raison inavouée, plus personnelle et moins décapante, à savoir l'incapacité de BCE de tenir une confrontation intellectuelle de haute facture, son adversaire en étant mieux outillé et, le cas échéant, il l'aurait battu à plate couture.
En toute objectivité, dans ce type d'arène, BCE n'a pas les moyens de damer les pions à MMM. Dans une logique de campagne électorale, il est tout à fait compréhensible que BCE refuse de prêter le flanc et de donner, tout naïvement, à son adversaire un bâton avec lequel il ne manquerait pas de lui rosser le crane, qui plus est devant témoins. En tout état de cause, BCE a vu juste à ce sujet, compte tenu de l'enjeu électoral et des rapports de force en la matière. Le refus de BCE n'est point illégal, rien ne le force à ce bras de fer, même si l'électorat tunisien souhaiterait voir, pour une fois, les deux antagonistes se croiser le fer et s'engager dans cette épreuve de force.
En résumé, MMM agit en boule de nerfs, la peur au ventre, ses vieux fantômes en bandoulière et l'esprit formaté par l'obsession de rempiler à Carthage. Sa campagne électorale ressemblerait à un chant du cygne. Quant à BCE, il surfe sur les vagues, conscient de ses limites. Son vieux sabre en main, il choisit le lieu et le moment de ferrailler, il nargue plus qu'il ne discute, il ne quitte ses habits de vieux monarque que pour serrer les rangs de ses courtisans. Il s'évertue de dégager une force tranquille. Tel un vieux chêne dont nul vent n'ébranle. Sa campagne électorale suinterait le verdict d'une victoire à la Pyrrhus.


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