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Tunisie : Elections présidentielles : Les paradoxes de la campagne électorale
Publié dans Tunisie Numérique le 07 - 11 - 2014

Lancée d'une manière timide pour certains candidats et sur les chapeaux de roues pour d'autres, la campagne électorale n'en reste pas moins affligée de quelques paradoxes dont la nuisance n'a d'égale que l'insalubrité.
Programme Economique et Social ou coquille vide
Les candidats, en majorité du moins, n'arrêtent pas de pérorer sur les défaillances économiques et sociales qui rongent le pays, et qu'ils entendent réparer, annonçant leur programme, leur vision et leur ordre de priorités. De toute évidence, ils se trompent de combat et de cible. Ils placent et focalisent leur campagne sur des thèmes propres au champ de compétence du chef du gouvernement et de son team. De ce fait, ils brouillent le message pour être élus sur des prérogatives dont ils ne disposent guère et qu'ils n'en auront jamais. Une campagne décalée de son socle naturel et légal et, de ce fait, on ne peu plus faussée.
En effet, les attributions accordées par la Constitution au nouveau chef d'Etat n'autorisent guère ce dernier à s'immiscer des affaires relevant exclusivement de l'équipe gouvernementale (chômage, pauvreté, développement régional disproportionné, inégalités sociales, consolidation de l'infrastructure économique et sociale, mobilisation des investissements,....) et limitent son domaine d'action à la politique extérieure, à l'appareil militaire, à la capacité de représentation de la république, à la dimension protocolaire. Il est quand même loufoque et non moins insidieux qu'un candidat aux présidentielles invoque des sujets pour lesquels il est complètement incompétent, de par même les dispositions pertinentes de la Constitution. Ne s'agit-il pas là d'une infraction, tout au moins d'une posture délictuelle nourrissant l'amalgame et dénudant une farouche et autant insane volonté de mystifier les électeurs tunisiens ?
Cependant, les candidats en question, en parodie d'hommes d'Etat, n'en ont cure, ils continuent leur bataille à l'arène inadaptée, bombardant l'opinion publique et l'électorat de professions de foi et de promesses bassement électoralistes dont ils n'ont aucun moyen de mise en œuvre. Comble de la démagogie : Ils s'habillent de la tunique d'un candidat aux législatives pour se frayer un chemin vers Carthage. Ils s'entêtent à cultiver la confusion, à empiéter sur des lignes normalement infranchissables et à tordre le cou à la décence et au bon sens. Sans crier gare ni faire preuve de précaution ni respecter l'électorat, ils reprennent à leur compte le programme économique et social de leur parti, décliné durant la campagne législative, et pour lequel nombreux ont été sévèrement sanctionnés, pour se lancer à la pêche des voix. Une énormité à tout point de vue.
Malheureusement, lesdits candidats, sur leur lancée, s'empêtrent dans la même fâcheuse dualité, observée lors des élections d'Octobre 2011 où un contraste prononcé et non moins fumeux, entre le mandat de l'ANC et le processus électoral, a été signalé. Ils ont commis le même détournement et emprunté la même insondable voie. Qu'en était-il exactement ? La situation était tout aussi absurde qu'irrecevable : D'une part, des partis et des candidats qui avaient mené campagne sur la base de leurs programmes socioéconomiques et, d'autre part, l'unique et exclusive fonction de l'ANC était de plancher sur un dispositif constitutionnel fédérateur et innovateur. En effet, l'électorat pensait voter pour des rédacteurs de constitution, il s'était avéré qu'il avait élu, sans s'en rendre compte, des gouvernants. Donc, dans l'esprit des partis, il s'agissait d'une course vers l'Exécutif et non vers la Constitution. Bref, le processus électoral n'était qu'une course au pouvoir et non une passerelle vers le chantier constitutionnel.
Campagne électorale aux frais de la princesse
A première vue, les différents candidats aux présidentielles ne partent pas sur le même pied d'égalité, les lignes de départ son autant biaisées qu'iniques. Moncef Marzouki, actuel président de la république, et Mustapha Ben Jâafar, président encore en exercice de l'ANC, disposent d'une longueur d'avance en termes d'instruments d'action et de supports de déploiement. Les deux utilisent, sans vergogne ni légalité, les moyens humains, matériels et logistiques propres à leur fonction d'Etat et, à ce titre, font main basse sur les deniers publics pour charpenter leur campagne.
En effet, les deux lascars, droits dans leurs bottes, ne donnent guère l'exemple. Au lieu de démissionner de leur poste comme les valeurs de droiture, de probité et d'impartialité supposent, ils restent fidèles à leur logique de butin et à leur esprit prédateur, s'accrochant, bec et ongles, aux murailles de Carthage et Bardo et refusent d'en lâcher ne serait-ce une pierre avant que le scrutin n'en élise deux nouveaux locataires. Ils se démènent à mettre à profit les atouts qu'offrent respectivement ces deux institutions républicaines (voitures blindées, escortes officielles, moyens logistiques, ressources humaines, supports médiatiques, leviers fonctionnels,... ), au gré de leur tableau de bord électoral et au mépris de toute notion d'égalité des chances et de souci démocratique, s'évertuant à transformer le palais présidentiel et l'hémicycle parlementaire en quartier général, en fief de campagne et en rampe de lancement électoral.
Ils consacrent tout leur temps à leur campagne électorale, dégageant en touche leur mandat et leur haute responsabilité, alors qu'ils continuent de percevoir leurs émoluments sans en éprouver le moindre scrupule. En outre, le temps qu'ils consacrent à leur campagne (réunions, conférences de presse, séances de coordination interne, visites sur le terrain, rencontres avec l'électorat,....) est un temps pris sur leur mandat. Pendant tout ce temps, ils ne sont pas au service de l'Etat mais au service de leur campagne électorale. Qu'on le veuille ou non, et n'en déplaise à leurs partisans respectifs, dont ce genre de considération n'effleure guère leur cervelle, le contribuable tunisienne finance, d'une façon ou d'une autre, leur campagne électorale.
En quelque sorte, Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jâafar démissionnent de leur fonction sans démissionner de leur poste. Un exercice de grand écart qu'ils exécutent sans honte ni adresse.
Eléments factuels viciant les présidentielles
D'abord, il y a lieu de constater le foisonnement contradictoire des interprétations portant sur les dispositions constitutionnelles pertinentes, notamment les articles 89 et 148, régissant la passation de pouvoir et la désignation du nouveau chef du gouvernement (Par qui ? Quand ? Comment ?). Est-il sain de s'engouffrer dans un processus électoral, à deux niveaux, sans que la marche à suivre soit prévisible, limpide et affranchie de toute lecture controversée ?!
A cet égard, il est à se demander s'il est recevable qu'après plus de deux longues et pénibles années de négociation, d'imbroglio et de bras de fer, l'ANC nous ponde, in extrémis et dans la douleur, une constitution truffée de défaillances et d'ambigüités, au point de générer une guerre d'interprétation sur fond de rivalité politique.
Ensuite, La fronde menée contre BCE, notamment par les partis ayant essuyé une cinglante raclée aux législatives, pourrit la campagne aux présidentielles. En mauvais perdants, les candidats en question contestent aussi bien le choix du peuple que le texte de la Constitution. Une croisade indigne d'hommes politiques se targuant farouches défenseurs de l'Etat de droit et des institutions. Agitant, comme dernière planche de salut, l'épouvantail d'hégémonie et d'omnipotence, les partisans, de tout acabit, de l'initiative « candidat consensuel », croyant barrer la route de BCE vers Carthage, barrent en fait la route à l'électorat tunisien d'exercer son droit d'élire son président aux suffrages universels et suggèrent un effroyable déni de démocratie.
Bien au contraire, un Exécutif bicéphale est source de crispations et de bravades, situation dommageable justement à la bonne marche de l'Etat. En effet, la cohabitation est beaucoup plus préjudiciable à l'équilibre politique et à la mise en œuvre du programme gouvernemental que la possession des pouvoirs exécutif et législatif par une seule formation politique ou coalition de partis. Cet état de réunification transversale serait de nature à garantir la cohésion, le bon fonctionnement et la plateforme politique nécessaire à une action gouvernementale performante.
Donc, la croisade contre BCE constitue en soi une conspiration à la fois contre la Constitution, contre la démocratie et contre la souveraineté du peuple. Mené par leur ego, ces candidats font feu de tous bois pour se frayer un chemin vers le palais présidentiel, quitte à mépriser le peuple et à piétiner la Constitution.
Enfin, un lien malsain d'interaction associe les législatives aux présidentielles. En effet, il n'est pas exclu que les pourparlers sur la coalition gouvernementale conditionnent, dans une large mesure, l'évolution des présidentielles. D'une part, d'aucuns estiment qu'il ne serait pas moralement et même politiquement admissible qu'un parti, qui accepte de figurer dans le nouveau gouvernement, maintienne son candidat aux présidentielles. On ne peut logiquement faire le grand écart et rouler à la fois pour et contre BCE et Nida Tounes. Il faut savoir choisir son camp et son intérêt. D'autre part, il est de bonne guerre, en politique rien n'étant tabou, que BCE utilise l'idée de coalition gouvernementale comme appât en perspective des présidentielles. Tout est question d'enjeu, de négociation et de compromis.
En conclusion, la campagne électorale, dans le cadre des élections présidentielles, n'est pas lancée dans un climat propice à la concurrence loyale. Sur certains aspects, elle est altérée par nombre de manquements, voire de dérives, impropres à enraciner la culture démocratique dans le pays. Pour en finir, encore une perle, un clin d'œil plein d'à propos, de Charles de Talleyrand : « Les lois, elles, on peut les violer sans qu'elles crient ».


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