Çà y est ! C'est décidé ! Ils l'ont fait ! Il n'y aura pas d'examens durant cette semaine censée être bloquée pour les épreuves de fin du deuxième trimestre. Et au train où vont les choses, et au ton sur lequel se déroulent les négociations entre le ministère de tutelle et la partie syndicale, on n'est pas près de voir notre progéniture passer ces examens, et à plus forte raison les examens de la fin de l'année. Et tout çà pourquoi ? Uniquement parce que leurs enseignants ont acquis au profit de cette « sacrée révolution » un certain sens de l'humour « noir ». En effet, à voir leurs revendications d'ordre matériel, on ne peut pas dire qu'ils manquent de sens de l'humour, ces messieurs dames nos honorables enseignants. Ainsi, et selon les documents qui sont parvenus à la rédaction de TunisieNumérique, ces messieurs dames ont bénéficié, lors de l'année en cours, d'augmentations au titre de primes diverses, comme l'atteste le tableau ci-bas, de pas moins que la somme globale de 181 million de Dinars, piochés dans les ressources pourtant à sec, de l'Etat. Sans parler de la diminution de la masse horaire de travail qu'ils étaient tenus d'assurer, qui n'était que de trois heures par jour, ce qui a poussé à un surplus de recrutements chiffré à 2000 enseignants qui sont venus grever, encore plus, le budget de la fonction publique. Ceci sans compter qu'ils aspirent, bien évidemment, à faire partie des bénéficiaires des prochaines négociations sociales que va entamer le gouvernement avec la partie syndicale. Non contents de ces acquis arrachés aux caisses de l'Etat, certainement, au détriment du financement d'autres projets et secteurs qui souffrent aussi d'un cruel manque de moyens, nos honorables enseignants ont décidé de boycotter les examens, et font tout un scandale en revendiquant d'autres avantages matériels, qui vont s'élever d'après les documents à disposition de la rédaction de TunisieNumérique, à la bagatelle de 238 million de Dinars. Ce qui, en plus du fait d'être irréalisable au vu de l'état des capacités de la trésorerie, ne peut s'expliquer que par un goût prononcé de nos chers professeurs à un certain humour noir. Et dire que ces messieurs dames vont, plus tard, crier sur les toits qu'ils ont perdu le respect qui leur est dû, de la part des élèves et de leurs parents, et qu'ils sont obligés de travailler dans des atmosphères tendues et pleines d'agressivité ! Forcément, qu'ils vont être honnis de tout le monde, après cette audace et ce mépris total de l'autre, qu'ils n'hésitent nullement à afficher, et après ce défi qu'ils lancent à une Nation en entier. Il faut, aussi, croire qu'ils ont, quelque part, raison de tenir tête de la sorte. Puisqu'ils sont soutenus sans aucune réserve par la centrale syndicale dont ils représentent près de 60% des adhérents. Cette centrale qui s'est jetée dans « le combat » de tout son poids, n'hésitant pas à tenir en otage les élèves et leurs familles, autrement dit, la population entière. A croire que l'UGTT, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, tient à maintenir ce bras de force, pour démonter sa puissance, et sa capacité de nuisance, par la même occasion. Histoire de rappeler à ces messieurs du gouvernement et à ces honorables représentants du peuple, que s'ils sont là où ils sont, aujourd'hui, c'est quelque part, grâce à la toute puissante UGTT qui a su mettre son poids dans la balance, un certain moment, pour faire plier la Troïka, alors au pouvoir, et la faire sauter plus tôt qu'elle le prévoyait. Un poids que, maintenant, ces gens qui gouvernent ont tendance à oublier ou à ignorer. Alors, rien de tel qu'une grève massive pour se faire rappeler au bon souvenir de ceux qui semblent souffrir d'amnésie. Dans toute cette histoire de bataille de pré-positionnement au sein des cercles du pouvoir, il y a deux parties qui font pitié à voir. D'abord il y a les élèves qui vont droit à une année blanche qui, toujours selon l'humour de certaines lumières parmi nos honorables enseignants, ne pourrait que faire du bien au vu des années noires qui arrivent à grandes enjambées et qui menacent de s'éterniser en Tunisie. Et il y a, aussi, le nouveau ministre de l'enseignement qui a beau se démener comme un fauve dans sa cage, il n'a rien pu faire pour changer la donne, renié par ses ex-amis de l'UGTT, qui ont oublié toute amitié devant le combat décisif qu'ils mènent, pour une place au pouvoir, et lâché par ses amis de l'équipe gouvernementale, qui l'ont laissé se débattre tout seul, pour ne pas avoir à « négocier » directement avec l'UGTT, dont ils devinent, un peu, les vrais desseins et les réelles revendications, qui dépassent, et de très loin, les revendications salariales des enseignants.