Décidément rien ne semble pouvoir étancher la soif de pouvoir de Marzouki, ni son entêtement quasi pathologique à (re) devenir président de la République. Rien, ni l'avis des électeurs qui lui ont clairement signifié qu'ils ne voulaient plus de lui, ni la période « faste » qu'il a passée à Carthage et qu'il n'a pas eu honte de qualifier de malheureuse, dans son dernier speech, ni, même, le fait que ses « amis » d'antan lui aient tourné le dos, de même que ceux, plus récents, les islamistes, le tout à cause de ses prises de position plus périlleuses, et plus incohérentes, les unes que les autres. Rien de tout cela ne semble avoir fait fléchir l'infatigable Moncef Marzouki dans sa « reconquête » du trône de Carthage. Dans ses calculs « intérieurs », chose dans laquelle, il faut avouer qu'il excelle, du moins quand il s'agit de calculs en rapport avec ses propres intérêts, Marzouki a compris qu'au cours, et surtout tout de suite après, les dernières élections, il a quelque peu « dérapé », en voulant remonter les tunisiens du sud contre les « nouveaux maitres issus des villes du nord », mais aussi, et surtout, en ayant opéré un scandaleux hod-up contre ses alliés d'hier, les islamistes d'Ennahdha, en tentant (ou en faisant semblant) de leur chiper leur électorat. Aussi, Marzouki devait-il trouver autre chose pour assouvir son irrésistible manie de vouloir être président, même s'il ne s'agissait que d'une résidence de « parade ». Mais comme il ne lui restait guère plus de choix, et que la masse électorale du pays semble s'être fixée entre ceux qui ne veulent plus de lui, et ceux qui resteront fidèles à Ennahdha, c'est, tout naturellement, qu'il s'est retourné vers ces derniers, pour les rallier à sa cause, et à sa course effrénée. Mais comment faire pour récupérer ces électeurs dont la hiérarchie va, très certainement, lui opposer son véto, et donner des consignes de ne pas, et ne plus, voter pour lui ? Surtout que cette hiérarchie semble, du moins pour le moment, couler le parfait amour avec le parti majoritaire de son ennemi juré, Béji Caïed Essebsi ? Autant dire que les carottes sont bel et bien cuites, et que le coup est perdu d'avance ! Mais çà serait faire preuve d'une grave et profonde méconnaissance de Moncef Marzouki et de son esprit machiavélique, en croyant qu'il allait s'avouer vaincu pour si peu. Il s'est cloîtré chez lui, pendant quelques semaines, puis s'en est allé puiser l'inspiration à l'étranger. Il s'est, à ‘occasion donné beaucoup de mal, lui et les siens, pour que tout le monde sache qu'il était à Paris, à croire qu'il voulait cacher qu'il était, peut-être, ailleurs, sous d'autres latitudes. Puis, il est réapparu à l'occasion du meeting de préparation de son nouveau bébé de « mouvance du peuple citoyen ». Il est réapparu avec beaucoup de sérénité et apparemment plein d'espoir, après s'être ressourcé on ne sait où. Et il semble avoir fini de tisser la toile machiavélique de son plan de « reconquête de Carthage ». Et cette toile est ahurissante de simplicité, comme quoi, il fallait, juste, y penser ! Comme il n'a plus aucune autre ressource pour « recruter » des électeurs, Marzouki s'est dit qu'il allait persévérer dans le fait de choper ceux d'Ennahdha. Mais comment ? Simplement en jouant sur les « erreurs » de leur hiérarchie, les erreurs qui avaient, un moment, ulcéré les partisans du parti. Du coup, Marzouki s'est montré sous un autre jour. De laïque, à la limite, athée, il s'est métamorphosé en islamiste plus que les islamistes, et en frère plus que les frères musulmans. Il a « osé » ce que les dirigeants d'Ennahdha n'ont pas osé. Il a affiché son soutien aux frères d'Egypte et d'ailleurs. Il a appelé à la relaxe de Mohammed Morsi. Il a rappelé sa haine viscérale de l'ancien régime. Et il a fini sur un éloquent signe de « Rabâa » en soulevant les quatre doigts de sa main, en signe d'appartenance et d'allégeance, voire plutôt, de nouveau guide de la confrérie, au moment où les vrais et légitimes guides ont choisi de mettre un bémol à leur enthousiasme (pression internationale oblige). Du coup, Marzouki peut se remettre à espérer. Il pourrait récupérer les mécontents d'Ennahdha pour qui les dirigeants du parti se sont avérés par trop conciliants avec « les mécréants ». Et il pourrait, du même coup, espérer gagner la sympathie de l'axe international des pays qui soutiennent la confrérie internationale des frères musulmans, comme le Qatar et la Turquie, pour ne citer que ceux-ci qui osent s'afficher en tant que tels. Reste, tout de même, une question qui gagnerait à être élucidée ! Pourquoi Marzouki a-t-il tenu à mettre de la distance entre lui et son nouveau bébé de mouvance du peuple citoyen, en en refusant la présidence ? Est-ce que ce mouvement ne serait-il pas appelé à faire des « choses répréhensibles », et qu'il ferait bon de ne pas en faire partie ? L'avenir nous apportera certainement les éclaircissements sur cette question.