La guerre fait rage dans les hautes sphères de la politique en Tunisie. Et il y a de quoi, puisque les enjeux sont de taille. Il s'agit d'une grosse bataille entre les différents belligérants à propos de la liste des nouveaux gouverneurs qui vont être installés dans les différentes régions du pays. L'enjeu est, en effet, de taille, puisqu'il s'agira, pour chaque partie, de placer « ses hommes » là où il faut, pour se garantir une certaine « assistance » lors des prochaines élections régionales, et, donc, se garantir les vraies clés du pouvoir pour les années à venir. Rien de moins ! C'est le mouvement Ennahdha qui avait, le premier, jugé à sa vraie valeur, l'importance du contrôle des régions, pour pouvoir régner, vraiment, dans le pays. Et dès les premières heures où le mouvement islamiste s'est assuré de sa défaite dans les dernières élections législatives, il a laissé tomber la guerre qui avait, à l'époque, enflammé les salons de la classe politique, en vue d'obtenir un maximum de sièges ministériels, et s'est réservé pour, en contre partie, revendiquer un nombre conséquents de sièges de gouverneurs, et pas dans n'importe quelles régions. Et c'est ainsi qu'Ennahdha se contenta du fauteuil de l'emploi récupéré par Zied Laâdheri, histoire de marquer sa présence dans le gouvernement, et peut-être, aussi, comme se plaisent certains à le répéter, histoire de maintenir au frais les dossiers (brûlants) des recrutements dont avaient bénéficié leurs protégés dans les différentes administrations en Tunisie, qu'ils se sont partagés en guise de butin de guerre avec leurs alliés d'alors, au sein de la Troïka. Et maintenant, que les « ténors » de Nidaa Tounes, de même que ceux des autres partis du quatuor au pouvoir, ont saisi l'importance d'un bon pré positionnement au niveau régional, c'est la guerre totale, et sans merci, pour les postes de gouverneurs. Une guerre non pas, seulement, entre les partis, mais, aussi, au sein du même parti, entre les différents courants. C'est ca qui a mis de l'eau dans le gaz de Nidaa Tounes, notamment, entre ses branches destourienne et de gauche. Maintenant, il reste à savoir comment Habib Essid va pouvoir gérer tout cela, et comment va-t-il pouvoir sortir son épingle du jeu. Car il faut savoir qu'à ce jeu, il joue sur un fil, un fil qui peut lui coûter la disgrâce. Et la décision qu'il va prendre va, obligatoirement, fâcher l'un des belligérants. Et ces décisions seront d'autant plus difficiles à prendre, pour les régions dites « sensibles », celles frontalières, et à situation socio-économique particulière, celles par qui un soulèvement populaire est vite arrivé, notamment, Médenine, Gafsa, Kasserine, et tout le nord ouest. Dans ces régions, le résultat des courses est connu et prévisible. Si Habib Essid va pouvoir passer sa décision, il sera devant l'une de deux situations : Soit il va nommer un poulain d'Ennahdha, et là il risque de perdre le contrôle social et sécuritaire de la région et, ainsi, avoir des difficultés à gérer ne serait-ce que le problème de la contrebande, et ce qui s'en suit. Soit, il va nommer l'homme de Nidaa ou d'un autre parti, et là, le malheureux candidat va devoir subir la foudre de quelques parties, comme une certaine mouvance du peuple de citoyens et autres organisations qui vont lui rendre la vie impossible, à coups de grèves, de sit-ins et d'autres coups foireux. Dans de telles situations, Habb Essid gagnerait à, non pas tenir le bâton par le milieu comme le dit le dicton, mais plutôt, à casser carrément ce bâton de discorde et opter pour la troisième voie, un choix qui avait fait ses preuves en 2011, quand des généraux de l'armée ont été nommés aux postes gouverneurs, et quand ils ont fait la preuve de leur compétence et leur aptitude à gérer aussi bien les hommes que les dossiers. Donc, le choix de nommer des officiers supérieurs de l'armée dans les gouvernorats qui suscitent la guerre entre les différents partis, serait, éventuellement, la bonne décision, à même de faire cesser cette guerre « fratricide » et de garantir une loyauté sans faille des gouverneurs dans les régions dites « sensibles »