La décision d'interdire le voile pour les petites filles dans les jardins d'enfant et les écoles vient à point nommé pour couper court à une pratique d'un autre âge confisquant l'enfance à la progéniture femelle de bas âge et formatant l'esprit des fillettes. Ce n'est rien qu'un bourrage de crâne idéologique, une atteinte à leur épanouissement naturel et social en mesure d'altérer le processus de formation de leur propre personnalité. Rien ne justifie un tel acte d'un point de vue ni théologique ni moral. Ces petites filles n'ont pas l'âge de responsabilité (سنّ التكليف ) pour savoir choisir leurs habits, entre autres le voile, en comprendre la signification et en saisir la portée. Sans compter que la Convention Internationale des Droits de l'Enfant en reconnait le manque de maturité physique et intellectuelle quel qu'en soit le sexe. A moins de considérer que dès sa plus tendre enfance, la fillette soit déjà un objet sexuel dont le corps doit être dissimulé pour la protéger contre le regard libidinal de l'homme, auquel cas c'est une ineptie sans nom et une insulte à la vie humaine. Cependant, la décision d'interdire le voile, qui est nécessaire, reste insuffisante tant que les crèches à vocation islamiste et les écoles maternelles coraniques, véritables machines de lavage de cerveau, émaillent le paysage éducationnel national. Ce type d'éducation à forte densité religieuse est à contre-pied de la nature civile de l'Etat, consacrée par la Constitution, et de la tradition séculière de la société tunisienne, héritage de la politique laïcisante de Bourguiba. Le système éducatif est de la responsabilité, pleine et entière, de l'Etat qui est le seul habilité à en définir le cadre et l'orientation. Et l'Etat tunisien est civil, de par l'esprit et la lettre de son dispositif constitutionnel, donc la présence de jardins d'enfant coraniques est une infraction à la Constitution. Maintenant il s'agit de transformer l'essai et d'avoir l'audace de franchir le pas et de trancher dans le vif en interdisant ce genre de crèches et d'écoles maternelles. Il est temps, plus que jamais, d'assainir et de réglementer le secteur et de sauver l'éducation de ses foyers d'anarchie et d'archaïsme. Il est criminel de laisser les enfants en otage d'un discours rétrograde et d'un réseau d'endoctrinement. La liberté de la femme n'a aucun sens si l'enfance des fillettes est bafouée et mal protégée. Les droits des femmes commencent par les droits des enfants, notamment les petites filles. Outre l'Etat et la société, les parents ont également une lourde responsabilité envers leurs gamines pour qu'elles ne soient, en aucun cas et sous quelconque prétexte, détournées de leur voie naturelle, séparées arbitrairement de leur monde et mutilées dans leur esprit et leur personnalité. On arrache les fillette de leurs jeux et de leurs jouets pour les transformer en objets idéologiques et en citoyennes de seconde catégorie. Tout le monde se rappelle de l'image choquante, voire traumatisante, de petites filles voilées scandant en chœur un slogan dont elles ne comprennent aucunement le sens et la portée, à savoir « Mourrez de dépit (موتوا بغيضكم), devant la mine réjouie et non moins mutine du prédicateur koweitien wahhabite, le tristement célèbre Nabil Al Aouadhi, plus connu par sa grotesque fatwa sur Sponge bob, un héros de dessins animés..