Outre les piques au vitriol de l'enfant adoptif de BCE, Mohsen Marzouk et de son groupe dissident ainsi que les banderilles acerbes des démissionnaires du bloc parlementaire, le fils biologique, Hafedh Caid Essebsi (HCE), bombardé au toit de Nida Tounes (NT), suite à une manœuvre dont d'aucuns ont stigmatisé le caractère putschiste, lors du congrès de Sousse, reste dans la ligne de mire d'autres pontes de NT non seulement parmi ses farouches adversaires mais aussi et surtout parmi ceux supposés être dans le même camp. D'autres figures, nourrissant quelque opposition à l'égard de HBE, préfèrent faire profil bas, jouer le silence et la montre en attendant de voir plus clair dans l'évolution de la situation avant de se positionner. Inutile de griller ses cartes à ce stade ! Boujemâa Remili, leader historique de NT, Secrétaire National, chargé de la coordination avec les partis et du suivi du travail gouvernemental, n'est pas allé de main morte et a carrément demandé de sacrifier HBE sur l'autel de la filiation pour sauver le parti. Venant d'un homme politique de l'envergure de Boujemâa Remili, qui plus est partie prenante du congrès de Sousse, l'alternative de sortie de crise est un coup dur au « fils à papa ». Sans être en reste, Lazhar Akremi, éternel mécontent préférant tout quitter, se la joue grand monsieur et âme charitable, proposant de confier à HBE une mission à l'étranger dans un lieu de son choix. Il semble que pour Lazhar Akremi, la carte de l'éloignement ménage la chèvre et le chou et offre à BCE une porte de sortie honorable. L'équation est simple : Il faut évincer HBE par la peau des fesses, juste trouver le point de chute approprié. Pour sa part, Faouzi Elloumi, Secrétaire National, chargé des relations avec l'ARP, poste dont il a démissionné, et pour qui le congrès de Sousse est une vraie mascarade, suggère une feuille de route de son courant « Espoir ». Sans pointer d'une manière ouverte et directe HCE, il n'en demeure pas moins que sa tête en est la cible. Par rapport à ce dernier, Faouzi Elloumi n'a pas laissé trainer le mystère quant à sa position adverse et a son refus que le fiston joue le premier rôle au sein de NT, en parfait héritier de son père. Quant à Abdelaziz Kotti, Secrétaire National et porte-parole du parti, acteur majeur du congrès de Sousse, il a choisi de rendre le tablier et de renoncer à sa fonction de porte-parole de NT, appelant à la mise en place d'un organe directeur provisoire et d'une commission électorale neutre, chargée d'organiser un congrès électif dans les trois mois. Là également, HCE n'est pas visé de façon tranchée, mes derrières la déclaration d'Abdelaziz Kottise faufilent des velléités d'opposition au prince héritier. Saïd Aïdi, Ministre de la Santé, père fondateur, entre autres, de NT, n'a pas hésité à dégainer au plus vite en exprimant toute sa déception de la tournure impromptue et intempestive prise par le congrès de Sousse. Lui aussi estime que la solution consiste à établir un comité de direction composé de cinq personnes en dehors du comité politique actuel. Une autre façon de faire passer HCE et sa clique à la trappe. Bochra Bel Haj Hmidadont la position est truffée d'ambiguïté, voire même d'opportunisme, dans la mesure où elle prend les devants tout en assurant ses arrières, autrement dit démissionner du parti sans quitter son bloc parlementaire. En démissionnant de la présidence de la Commission des droits, libertés et relations extérieurs à l'ARP, elle a ajouté une couche de trouble à une posture déjà bien équivoque. En tout état de cause, sa double démission, et du parti et de la commission de l'ARP, fait suite à son opposition au congrès de Sousse, notamment l'intronisation de HCE et de ses acolytes. Tout compte fait, hormis un dernier noyau de fidèles parmi les mentors de NT, l'anonyme et non moins obscur HCE a mis une masse critique à dos. Pratiquement, le consensus est fait contre lui. Il ne se rend pas compte que le passage de force qu'il a imposé au congrès de Sousse a mis le dernier clou dans le cercueil de NT. En est-il conscient ? De toute évidence non ! La barque prend l'eau de toute part et coule à grands pans, et lui est là, muet, sourd, figé dans son coin. Aucune sortie médiatique, aucun mot d'argumentation, rien de rien. Bouché à l'émeri, incapable de sortir au public pour s'en expliquer, il compte peut-être sur son paternel pour le sortir de l'ornière et lui garder en entier son petit jouet. En rencontrant hier son fils spirituel, Mohsen Marzouk, chef de file de la dissidence, il n'est pas exclu que BCE soit mu par le mobile de vouloir sauver la peau de son fils biologique et son héritier au trône beaucoup plus que de limiter la casse au sein de son parti. C'est quand même dingue d'ajouter la surdité à la myopie. Est-ce le signe d'une sénilité naissante ?! Que Dieu l'en préserve et en prémunit la Tunisie !